L’armée ukrainienne se retire de Vouhledar et ne cesse de reculer face aux attaques russes


Vue satellite de la ville ukrainienne de Vouhledar, sur le point de tomber aux mains des Russes, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le 29 septembre 2024.

Cela faisait plus de deux ans et demi que le fortin de Vouhledar résistait. Les forces ukrainiennes ont annoncé mercredi 2 octobre qu’elles s’en retiraient. Le destin de la ville minière de la région de Donetsk, 15 000 habitants avant la guerre, massivement bombardée depuis le début de celle-ci et prise en tenaille par l’armée ennemie, s’est finalement joué ces derniers jours, lors d’un ultime assaut des forces de Moscou.

Les autorités russes n’ont pas encore confirmé la prise de la ville. Toutefois, mardi 1er octobre, le gouverneur de la région, Vadym Filachkine, avait dépeint dans la matinée à la télévision ukrainienne une situation « extrêmement difficile » rendant impossible l’acheminement d’aide humanitaire pour les quelque cent sept derniers civils. Mardi soir, confirmant la présence de forces russes « dans tous les coins de la ville », les analystes de la chaîne Telegram Deep State, proche de l’armée ukrainienne, avaient décrit comme inéluctable la perte de ce nœud logistique crucial pour Kiev.

La chute de Vouhledar est le dernier signal en date de l’irrépressible progression russe dans l’est de l’Ukraine. Ce qui a longtemps été présenté comme un simple « grignotage » du territoire par les Russes finit, aujourd’hui, par être significatif, considèrent nombre d’observateurs militaires. « Ces deux cents derniers jours, l’armée russe a progressé en moyenne de 110 à 120 mètres par jour, or, au final, cela fait une bande de plus de 20 kilomètres de large. C’est non négligeable », évalue une source militaire française. « Cette guerre n’est plus vraiment une guerre de haute intensité comme on l’a souvent décrite au début. C’est désormais une guerre lente et de longue intensité », ajoute cette même source.

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Les avancées russes en Ukraine se suivent et se ressemblent, avec une progression des troupes en « pince » : les forces russes identifient des poches de résistance ukrainienne, deux unités séparées percent en parallèle les lignes adverses – au prix de nombreux morts dans leurs rangs –, puis elles encerclent progressivement les forces de Kiev avant de les neutraliser. « L’objectif des Russes n’est pas de conquérir du territoire, mais de détruire l’ennemi. C’est l’anéantissement par fragmentation », poursuit la source française. Ce système de pince a notamment été observé à Toretsk et à Niou-Iork, deux petites villes ukrainiennes de 5 000 et 9 000 habitants tombées aux mains des Russes entre le 23 août et le 20 septembre.

Peu de forces en réserve

Face aux Russes, les Ukrainiens ont bien développé tout un tas de lignes de défense avec des fortifications de campagne et des tranchées très resserrées, parfois en forme de zigzag pour compliquer les calculs de l’ennemi, mais de tels aménagements n’ont pas été possibles partout. Les forces ukrainiennes s’accrochent souvent coûte que coûte à leurs positions en recourant à diverses méthodes de défense, notamment à l’usage massif de drones. Mais, à la différence de Moscou, Kiev dispose de peu de forces en réserve. L’abaissement de l’âge légal de la mobilisation de 27 à 25 ans, au printemps, a du mal à porter ses fruits. Et l’absence de réel plan B, malgré le « plan pour la victoire » présenté par le président Volodymyr Zelensky, aux Etats-Unis, le 22 septembre, mine de plus en plus le moral des troupes.

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