Le choc après la vidéo d’une décapitation présumée d’un prisonnier ukrainien



Que voit-on sur la vidéo ?

La vidéo, une minute quarante secondes d’images insoutenables, circule depuis mardi 11 avril sur Internet. Sur celle-ci, un individu en camouflage, le visage masqué, tranche le cou d’un autre homme en uniforme se débattant au sol. Au bout de quelques secondes, les cris cessent et on entend une voix masculine derrière la caméra incitant en russe le bourreau à « couper la tête » de la victime. Ce dernier finit sa décapitation au couteau, et montre la tête tranchée à la caméra. « Faut la foutre dans le sac et l’envoyer au commandant », entend-on en russe. À la caméra, on voit également le gilet de la victime barré du trident ukrainien et d’une tête de mort. Les autorités ukrainiennes cherchent à déterminer le lieu, la date et l’identité de la victime.

Apparue sur des chaînes prorusses de la messagerie Telegram le 8 avril, une seconde vidéo filme également deux corps de soldats ukrainiens décapités, près d’un véhicule blindé endommagé, probablement un transport de troupes M113. Enfin, le 9 avril, une photo d’un crâne empalé sur un bâton a été publiée sur la page Military Z du réseau social russe VKontakte. La légende affirme que le cliché a été pris à Bakhmout, aujourd’hui épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine.

Que sait-on de l’origine et de l’authenticité de la vidéo ?

D’après le site d’enquête russe The Insider, la vidéo, qui montre la décapitation d’un soldat ukrainien, a d’abord été diffusée sur la chaîne privée Telegram de l’ultranationaliste Vladislav Pozdniakov. Elle a ensuite tourné au sein de la communauté des partisans de la guerre en Ukraine, qui n’ont pas remis en cause son authenticité. Les commentaires se partagent entre la nécessité de poursuivre les auteurs de ces actes et le refus de les condamner au nom des violences commises par les Ukrainiens contre leurs prisonniers.

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a qualifié les images d’« horribles », mais s’est interrogé sur leur véracité. « Il faut s’assurer de l’authenticité de cette vidéo », a-t-il ajouté. D’ordinaire, les responsables russes se bornent à nier toute implication de soldats russes dans des crimes de guerre, et accusent l’Ukraine d’orchestrer des mises en scène.

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a estimé que la Russie était « pire que l’État islamique », organisation djihadiste qui filmait les exécutions de ses otages, notamment par décapitation.

Que sait-on des exactions commises par les belligérants de la guerre en Ukraine ?

Ce n’est pas la première fois que des soldats russes sont soupçonnés de tels actes de violence. En 2019, des mercenaires russes de la compagne privée Wagner avaient été accusés d’avoir torturé et décapité un déserteur de l’armée syrienne. Trois vidéos mises en ligne avaient montré quatre bourreaux s’acharnant sur leur victime. La seconde guerre de Tchétchénie (1999-2009) s’était également accompagnée de terribles scènes de violences perpétrées par les forces russes comme par les rebelles.

En Ukraine, outre les meurtres de civils à Boutcha et ailleurs, plusieurs cas de crimes de guerre contre des soldats ont été documentés. La mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies a notamment enquêté sur une série d’exécutions sommaires commises par les deux belligérants, respectivement contre 15 prisonniers ukrainiens et 25 soldats russes.



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