Le « coup de maître » du Canada pour décrocher la « méga-usine » Volkswagen


Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, lors d’une annonce concernant l’usine de batteries de véhicules électriques Volkswagen, à Saint Thomas, dans l’Ontario, vendredi 21 avril 2023.

A Saint Thomas, commune de 39 000 habitants du sud-ouest de la province de l’Ontario, les tractopelles sont arrivées et s’emploient à araser le terrain. Les travaux de construction ne commenceront que début 2024, mais les superlatifs sont déjà de mise : la nouvelle usine de production de batteries électriques de Volkswagen s’étendra au sein d’un parc industriel de 6 kilomètres carrés, elle comprendra six chaînes de production et fournira, à terme, après son achèvement prévu en 2027, 1 million de batteries par an destinées à équiper les quelque vingt-cinq modèles de véhicules électriques que le constructeur automobile européen prévoit de lancer dans les années à venir.

Elle emploiera 3 000 travailleurs, et le gouvernement canadien compte sur la création de dix fois plus d’emplois indirects. La « méga-usine » de Saint Thomas s’annonce déjà comme la plus importante du genre de Volkswagen en Amérique du Nord ; Frank Blome, PDG de PowerCo, filiale du groupe qui fabrique ces batteries électriques, n’a pas exclu qu’elle devienne la plus grande du monde.

Mais les investissements XXL consentis sont plus remarquables encore : aux 7 milliards de dollars canadiens (4,7 milliards d’euros) que Volkswagen injectera pour la construction de l’usine le gouvernement fédéral a promis d’ajouter 700 millions, et celui de l’Ontario s’est fendu de 500 millions, assortis d’engagements à améliorer les infrastructures environnantes en matière de routes, de chemins de fer et de services publics. Mais surtout, selon le détail des investissements dévoilés le 21 avril, après un accord officiel conclu le 13 mars, Ottawa s’est engagé à débourser sur la prochaine décennie, entre 8 milliards et 13,2 milliards de dollars canadiens en subventions à la production. Du jamais-vu dans l’histoire du Canada.

Un beau doublé pour Volkswagen

Les négociations, menées en direct par le gouvernement libéral de Justin Trudeau et la direction de Volkswagen, ont commencé à l’automne 2022. L’Ontario ne manquait pas d’atouts pour attirer le nouveau venu. Outre sa filière automobile déjà active, avec 100 000 employés et 1 500 entreprises de sous-traitance travaillant de façon « intégrée » avec les usines américaines de la région de Detroit (Michigan), la province a également mis en avant ses gisements de minéraux critiques tels que le lithium, dans le nord de son territoire, qui assurent au fabricant de batteries électriques un approvisionnement local et sécurisé. Enfin, l’accès à des énergies « propres » (hydroélectricité et nucléaire) a certainement joué en sa faveur.

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