le coup de pub de Marlène Schiappa à un magazine mal en point


« J’ai tout vendu. » Vingt-quatre heures après sa sortie, jeudi 6 avril, le dernier numéro de Playboy n’était plus disponible au kiosque de la gare d’Austerlitz, à Paris. « Il faut dire que je n’en avais reçu que deux, sourit le vendeur. Personne ne l’achète jamais. » En accordant une interview et une séance photos au magazine emblématique d’une presse masculine datant d’un autre siècle, la secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative, Marlène Schiappa, a remis sur le devant de la scène un titre que les lecteurs étaient en train d’oublier.

Une aubaine pour Jean-Christophe Florentin, directeur de la publication et de la rédaction de Playboy, qu’on a pu voir ou entendre, cette semaine, sur les plateaux de C8, de CNews, d’Europe 1 ou encore de Franceinfo. « C’est devenu un mook intello, ce n’est plus du tout un journal de fesses », s’est-il plu à préciser, le 5 avril, sur le plateau de Pascal Praud, sur CNews. « Il y a toujours des jolies jeunes femmes qui ont oublié de s’habiller le matin, mais il n’y a pas que ça », soutenait-il la veille sur Franceinfo.

Il serait toutefois abusif de prétendre que les seins féminins sont systématiquement dissimulés dans cette publication de 224 pages, vendue 15 euros, où l’on croise, entre autres plumes, celle d’Eric Naulleau, souvent présenté comme la « caution de gauche » du polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, les signatures du Figaro Yves Thréard et Ivan Rioufol, ou encore celle de l’avocat Emmanuel Pierrat, récemment condamné pour harcèlement à dix-huit mois d’interdiction d’exercer – il s’est pourvu en cassation.

Photos volées

La satisfaction de M. Florentin a pourtant été ternie lorsque BFM-TV a dévoilé les clichés de la secrétaire d’Etat avant la mise en vente du magazine. « BFM-TV aurait dû demander l’autorisation d’utiliser les photos, mais ils ne l’ont pas fait car ils ne l’auraient pas eue », regrette son avocat Emmanuel Ludot. Plutôt que de chercher réparation en justice, ce dernier a envoyé une plainte à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ex-CSA), afin de rester sur « un terrain purement déontologique ». Une précaution bienvenue, son client ayant lui-même déjà utilisé des images qui ne lui appartenaient pas.

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A l’été 2021, en effet, le hors-série d’un autre des titres qu’il dirige, Bigard Magazine (du nom de l’humoriste Jean-Marie Bigard), a fait paraître des photos volées, dénudées, de l’actrice américaine Jennifer Lawrence. Celles-ci avaient été subtilisées dans son téléphone portable par un hacker que la justice américaine a condamné à neuf mois de prison. Le tribunal de Nanterre a condamné M. Florentin à lui verser 20 000 euros en réparation de son préjudice moral (violation de sa vie privée et de son droit à l’image), une condamnation confirmée par la cour d’appel de Versailles en juin 2022.

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