le djihadiste Peter Cherif sera jugé pour son implication


Croquis de l’audience de Peter Cherif au palais de justice de Paris, lors du procès de 14 personnes soupçonnées de complicité dans les tueries djihadistes de « Charlie Hebdo » et de l’Hyper Cacher, le 23 octobre 2020.

La dernière fois qu’il a pris la parole devant une cour d’assises, il avait observé un silence glacial, refusant de répondre aux questions du président pendant vingt minutes. C’était le 23 octobre 2020, au procès des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Peter Cherif était alors entendu comme simple témoin par visioconférence depuis sa prison de Bois-d’Arcy (Yvelines). Après avoir récité en arabe la sourate d’ouverture du Coran, il avait déclaré : « On m’a forcé à venir ici pour témoigner sur une affaire avec laquelle je n’ai rien à voir, je ne répondrai à aucune question. »

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Son mutisme avait suscité un profond malaise, tant sont lourds les soupçons qui pèsent sur ce vétéran du djihad, suspecté d’être la pièce manquante du projet terroriste des frères Saïd et Chérif Kouachi, les auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo. La chronologie des investigations n’avait cependant pas permis de le renvoyer dans le box des accusés : quand Peter Cherif a été arrêté en décembre 2018 à Djibouti, après avoir passé sept ans au Yémen dans les rangs d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), les juges d’instruction avaient déjà bouclé leur enquête. Son cas avait donc fait l’objet d’une disjonction afin de poursuivre les investigations le concernant.

Plus de quatre ans après cette arrestation surprise, les juges d’instruction ont décidé de renvoyer le djihadiste parisien, aujourd’hui âgé de 40 ans, devant une cour d’assises. Dans leur ordonnance de mise en accusation datée du 24 mars, révélée par l’AFP et dont Le Monde a pris connaissance, ils estiment qu’il existe des charges suffisantes pour le juger pour « association de malfaiteurs terroriste ». Cette qualification vise son séjour dans les rangs d’AQPA, mais également le rôle qu’il aurait joué lors du séjour de son ami d’enfance, Chérif Kouachi, au Yémen, à l’été 2011, à l’occasion duquel ce dernier a reçu pour mission de perpétrer un attentat contre Charlie Hebdo.

Ordre de mission

Peter Cherif et Chérif Kouachi se connaissent depuis leur adolescence, passée dans une cité populaire du 19e arrondissement de Paris. Avec d’autres jeunes du quartier, dont Saïd Kouachi et Boubaker al-Hakim, futur haut cadre de l’organisation Etat islamique, ils se sont radicalisés au contact d’une figure religieuse « charismatique », Farid Benyettou. Tous deux ont ensuite été condamnés pour leur participation à une filière d’envoi de djihadistes vers l’Irak au milieu des années 2000, la filière dite des « Buttes-Chaumont ».

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