Le gouvernement a besoin de 60 milliards d’euros pour boucler son budget 2025
Dans le projet de loi de finances qui sera présenté la semaine prochaine, le gouvernement prévoit 40 milliards d’euros de coupes dans les dépenses et 20 milliards d’euros de hausses d’impôts.
Le gouvernement prévoit une inflation maîtrisée à 1,8 % en 2025. Cependant, une crise inflationniste persiste : la nécessité de réaliser des économies considérables dans le budget 2025. Au début de l’année, l’ancien gouvernement évoquait 25 milliards d’euros d’économies pour maintenir la trajectoire budgétaire. Plus tard, le chiffre a été révisé à environ 30 milliards. Ce mercredi, le gouvernement a finalement annoncé qu’il fallait trouver 60 milliards d’euros dans le projet de loi de finances (PLF), qui doit être présenté la semaine prochaine, le jeudi 10 octobre. Cette enveloppe se répartit entre 40 milliards de coupes dans les dépenses, soit des économies, et 20 milliards à des augmentations de recettes, des hausses d’impôts, donc.
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Cet effort budgétaire colossal est nécessaire pour atteindre la nouvelle cible de déficit pour 2025 : 5 % du PIB, soit un besoin de financement d’environ 150 milliards d’euros. Pour rappel, en avril, le précédent gouvernement s’était engagé, après un premier dérapage du déficit public en 2023, à atteindre 4,1 % du PIB l’année prochaine. Cependant, cette année, le déficit public est à nouveau en forte hausse et pourrait atteindre 6,1 % du PIB d’ici la fin de l’année -un sommet inédit hors période de crise-, bien éloigné de la règle européenne des 3 %. Le nouveau gouvernement souhaite atteindre ce seuil d’ici 2029, soit un délai de deux ans par rapport à la trajectoire précédente. Cette trajectoire de rétablissement des comptes ne permettrait pas, à court terme, de réduire la dette, qui passerait de 113 % du PIB en 2024 à 115 % en 2025.
Taxes «écologiques»
Après deux erreurs majeures de prévision sur les déficits de 2023 et 2024, le gouvernement Barnier semble déterminé à faire des prévisions plus prudentes et à prendre des engagements moins ambitieux que son prédécesseur. Par exemple, pour 2024, Bercy table sur une croissance modeste de 1,1 %, soit la même prévision que celle de l’Insee. Pour 2025, il prévoit également une croissance de 1,1 %, légèrement en dessous du consensus économique, ce qui est assez rare pour une prévision gouvernementale.
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Au total, Bercy vise des dépenses publiques de 1 700 milliards d’euros l’an prochain, ce qui correspondrait à un léger recul du ratio des dépenses par rapport au PIB (de 56,8 % à 56,3 % en 2025). L’État devrait par ailleurs percevoir environ 1 560 milliards d’euros de recettes, selon le document de cadrage macroéconomique envoyé ce mercredi par Matignon pour avis au Haut Conseil des finances publiques, un organe de la Cour des comptes. Sur ces 1 560 milliards, environ 20 milliards proviendraient de hausses d’impôts que le gouvernement compte inclure dans le budget.
Dans sa déclaration de politique générale, prononcée mardi, le Premier ministre a exprimé son intention d’augmenter temporairement les impôts sur les grandes entreprises et les contribuables aisés. En plus de ces hausses d’impôts « ciblées », le gouvernement souhaite inclure dans le budget environ 1,5 milliard d’euros de taxes supplémentaires « écologiques », avec des mesures sur les véhicules thermiques et une augmentation du malus auto sur les véhicules les plus polluants.
Concernant les 40 milliards d’économies dans les dépenses, de nombreuses pistes restent assez floues. Le gouvernement souhaite ajouter 5 milliards d’euros d’économies aux 15 milliards déjà prévus dans le budget de l’État par Gabriel Attal. La sécurité sociale sera également mise à contribution (environ 13 milliards d’euros) et tout comme les collectivités territoriales (environ 7 milliards d’euros).