le gouvernement assure que “les efforts existent et sont sans précédent”



Alors que 26 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-compagnon en à peine deux mois, la ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes assure que “les efforts” du gouvernement “existent et sont sans précédent”.

En trois jours, trois femmes sont mortes sous les coups de leurs compagnons. En Gironde, dans la Somme et Seine-et-Marne, ces drames se sont déroulés dans des contextes aux similarités glaçantes. Deux des victimes avaient en effet déposé plaintes pour violences contre les hommes suspectés de les avoir tuées. L’un d’entre eux avait même déjà été condamné en 2006 à 20 ans de réclusion criminelle pour une tentative d’assassinat commise sur une ancienne conjointe.

De quoi remettre en question l’efficacité des mesures mis en place par l’Etat pour lutter contre les violences faites aux femmes, dont Emmanuel Macron avait fait la “grande cause” de son premier quinquennat. “Beaucoup a été fait”, affirme ce samedi soir sur notre antenne Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

“Près de 4000 téléphones grave danger ont été distribués à ce jour, il y a le Bracelet anti-rapprochement, nous avons augmenté de 80% le nombre de places en hébergement d’urgence”, énumère la ministre.

“Inertie judiciaire”

Violaine de Filippis, avocate et porte-parole Osez le féminisme, admet “qu’il y a eu une évolution ces dernières années”, mais elle “reste minime face aux drames”, déplore-t-elle.

“Il y a une inertie judiciaire qui ne répond pas aux urgences que vivent les femmes”, regrette Violaine de Filippis.

Y a-t-il eu des dysfonctionnements dans les prises en charge des trois dernières victimes de féminicide? Concernant le drame qui s’est déroulé en Gironde, Gérald Darmanin a demandé une enquête administrative de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) afin de comprendre comment cette femme, qui avait pourtant déposé plainte contre son compagnon les 5 et 23 février, a pu être connaître cette fin tragique.

“S’il y a eu des dysfonctionnements, l’IGGN le dira. Une plainte est censée protéger une victime. Toutes les instructions sont très claires, au plus haut niveau, la transmission des plaintes est prioritaire. Si elles ne sont pas respectées il faudra prendre les conclusions qui s’imposent”, commente Isabelle Rome.

“Catastrophique”

La ministre assure néanmoins qu’un “gros effort a été fait” sur ce sujer “puisque 160.000 policiers et gendarmes ont été formés au cours de ces dernières années. Le nombre d’enquêteurs spécialisés va doubler encore. Les efforts existent et ils sont sans précédent”. “Contrairement à ce que l’on nous dit, il y a un manque évident de personnes formées dans les commissariat”, conteste Janine Bonaggiunta, avocate spécialisée dans la défence des victimes de violences conjugales.

“Aujourd’hui encore, des clientes me disent qu’elle sont mal reçues et qu’on leur dit de revenir. Cela nous a été présenté comme la grande cause du quinquennat, mais les femmes ne sont visiblement toujours pas protégées. C’est catastrophique”, insiste-t-elle.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l’année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV



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