Le jour où l’on ferme



Et voilà, ça y est, le jour tant redouté est arrivé : on ferme. On ferme l’électricité, on ferme l’eau, on ferme les volets, on ferme les portes, on ferme le portail. Disons même, pour aller au fond des choses, et puisque c’est bel et bien de cela qu’il s’agit : on ferme les vacances, on ferme l’été, on ferme la douceur du temps, on ferme les repas dehors sur la terrasse, on ferme les rires et les jeux des enfants, on ferme les fleurs, on ferme le jardin, on ferme la mer, on ferme le sentier côtier. On ferme… Bon, j’arrête la litanie, ça va bien comme ça, pas la peine d’en rajouter. Parce que, déjà, si on ferme, on sait qu’on va rouvrir. La maison ne demande que ça. Et nous aussi. Alors, hein, mollo le lamento, vivement la réouverture. Et puis, si on ferme, d’un autre côté, par ailleurs et concomitamment, on ouvre. On ouvre les projets, les idées, les envies, on ouvre la vie d’après les vacances, tout ce qu’on va faire, tout ce qu’on va imaginer. On ouvre le cinéma, on ouvre le théâtre, on ouvre les balades dans les rues de Paris, on ouvre les soirées avec les amis, on ouvre les rencontres, on ouvre les découvertes, on ouvre les surprises. Bref : on lance la grande opération portes ouvertes, non-stop et à volonté. Ainsi va la vie : on ferme, on ouvre ; on ouvre, on ferme. Et quand on ouvre, on ferme. Et quand on ferme, on ouvre. Eh, oh, ça va, on a compris, ça suffit, la ferme ! Ah ben non, désolé mais je n’ai pas fini de l’ouvrir…



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