Le Livret A cale, le Livret d’épargne populaire s’emballe
C’est une tradition de fin d’année : en octobre, le Livret A perd ses feuilles. Cette année, le vent a toutefois soufflé plus fort et il en a perdu plus que de coutume, avec une décollecte de 3,77 milliards d’euros (contre un peu plus d’un milliard en octobre 2022). Si l’on ajoute les chiffres de son faux jumeau, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), la décollecte sur un mois atteint 4,44 milliards, selon les données publiées, le 21 novembre, par la Caisse des dépôts.
« Octobre est maudit pour le Livret A. Que son taux soit haut ou bas, octobre rime avec décollecte. Sur ces dix dernières années, pas une seule collecte positive n’a été enregistrée », commente Philippe Crevel, le directeur du Cercle de l’épargne. Ces mauvais chiffres succèdent à onze mois de collectes positives pour le Livret A, qui a notamment été porté par la remontée de sa rémunération de 2 % à 3 % en début d’année, le 1er février.
Ce qui porte malheur à ce placement en octobre ? La fin des dépenses liées à la rentrée, le paiement de la taxe foncière, les premiers cadeaux de Noël, etc. A ces motifs classiques s’ajoute cette année, estime M. Crevel, « le repli de la hausse des prix » et donc « les ménages [qui] retrouvent le chemin de la consommation ».
Le taux du Livret A et du LDDS, 3 % depuis le 1er août (exonéré d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux), n’évoluera pas jusqu’au 1er février 2025. Ainsi en a décidé le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui a annoncé, le 13 juillet, sa décision de ne plus appliquer la formule réglementaire de calcul semestriel de la rémunération durant dix-huit mois.
Comptes à terme et « super livrets »
« Avec le non-relèvement du taux du Livret A le 1er août, le Livret A renoue avec sa saisonnalité habituelle, avec un second semestre plus orienté dépenses suivant un premier [semestre] plus [orienté] épargne », complète M. Crevel. Il note, par ailleurs, que « les ménages les plus aisés ayant saturé leur Livret A et leur LDDS ont également tendance à se reporter sur les comptes à terme, sur les SICAV [sociétés d’investissement à capital variable] monétaires voire les “super livrets” [ces livrets dont le taux de rémunération est boosté durant quelques mois pour les nouveaux clients – ils font leur grand retour ces mois-ci dans le paysage de l’épargne] ». Autant de placements qui ont vu leur attractivité dopée récemment par la hausse globale des taux.
Si octobre n’a pas profité au Livret A et au LDDS, il a souri à un troisième placement défiscalisé : le Livret d’épargne populaire (LEP). Ce dernier a enregistré une collecte positive de 4,77 milliards d’euros. Près de 16 milliards ont ainsi été collectés depuis début 2023 sur ce livret accessible sous conditions de ressources. En 2023, le revenu fiscal de référence maximal pour être éligible est, par exemple, de 21 393 euros pour une personne seule, 44 243 euros pour un couple avec deux enfants.
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