le noir leur va si bien


L’hôtel Caesars Palace affiche un hommage à René Angélil, le mari de la chanteuse Céline Dion, à Las Vegas (Nevada), le 14 janvier 2016.

Deux femmes, deux destins, deux images qui se confondent et qui s’opposent. Laeticia Hallyday, la discrète, et Céline Dion, la bête de scène, ont toutes les deux épousé très jeunes un homme beaucoup plus âgé, qui les a transformées. La première est restée longtemps dans l’ombre d’un monstre sacré, la seconde a pris toute la lumière avec son René officiant en coulisses. Les deux célébrités, désormais veuves, seules aux commandes, dessinent chacune à sa manière le storytelling de leur vie d’après : les amours, les enfants, la carrière, et surtout les coups durs.

Deux séquences illustrent ce fardeau commun, où la vie intime participe à la construction d’une forme de récit mythique, dont elles sont toutes deux à la fois les maîtres d’œuvre et les otages. Le 8 décembre, sur son compte Instagram, face caméra en plan serré, Céline Dion s’est ainsi présentée en robe noire, cheveux plaqués et maquillage discret, pour annoncer l’annulation de sa tournée en Europe, empêchée par la maladie rare qui la frappe depuis plusieurs années.

Un moment de vérité et d’émotion qui paraît quasi surnaturel à une époque où la frontière entre le vrai et le faux, la réalité et l’image, s’est peu à peu effacée. Une sorte d’anomalie pour cette « entertaineuse » de compétition, rompue à la prise de parole formatée depuis son adolescence, qui se livre donc ici, la gorge serrée, les lèvres pincées, la voix étranglée. « Chanter, c’est ce que j’ai fait toute ma vie, et pour moi ne plus être capable de le faire est inimaginable. » Qui peut en douter ?

Cumul des stéréotypes

René est mort en 2016. Le colosse de Laeticia Hallyday, lui, s’est éteint il y a cinq ans. Le public a logiquement reporté toute son attention sur la veuve. Celle qui a repris la carrière de « Mamour » en main (jamais un artiste français n’a sorti autant d’albums post mortem) s’est livrée elle aussi à son opération transparence dans les médias. Un grand déballage de l’intime dont le but est à la fois de répondre aux critiques et de faire perdurer la mémoire de « Jojo » (dont elle détient les droits).

Pour la promotion du documentaire, réalisé par William Karel, Johnny par Laeticia (M6), mais aussi de la gigantesque exposition consacrée au chanteur, à Bruxelles, Laeticia Hallyday a choisi un format plus traditionnel : l’interview en tête à tête, sur France 2, samedi 10 décembre, dans l’émission « Quelle époque ! ». Le choix du vêtement est là aussi signifiant. Une veste blanche incarnant la pureté et l’espoir. Un chemisier et une broche fleur noirs pour symboliser le deuil. Un pied dans la tombe, l’autre à Saint-Barth. « Il m’a laissé beaucoup d’emmerdes, mais je lui pardonne, et j’essaie d’être digne », a-t-elle déclaré en larmes, toujours avec ce même sourire accroché au visage.

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