Le plan de François Braun pour le suivi des malades chroniques



Cela suffira-t-il à aider les nombreux malades chroniques qui ne trouvent pas de médecins traitants ? « Je n’arrive pas à avoir les ordonnances pour renouveler mon traitement, alors je l’achète sur Internet », témoigne Sébastien (1). Comme près d’un Français sur trois, il souffre d’hypertension artérielle. Depuis qu’il a déménagé à Challans (Vendée) il y a deux ans, il n’a pas trouvé de médecin traitant et a des difficultés à renouveler son traitement. « Tous les cabinets alentour sont complets, alors j’ai arrêté de chercher », avoue le père de famille.

Comme lui, 714 000 malades chroniques se retrouvent sans médecin traitant. Une situation contre laquelle le ministre de la santé annonce un plan d’une ampleur inédite. « Les malades chroniques sont de plus en plus nombreux, et ce chiffre ne fera que croître, justifie François Braun. En dehors de la stratégie de vaccination contre le Covid-19, le lancement de ce plan constitue la plus grande opération “d’aller-vers” qui ait eu lieu. Il va nous permettre de solliciter les patients qui sont éloignés de notre système de santé. » Les caisses d’assurance-maladie seront au centre du dispositif de mise en relation patient-médecin conçu par le ministère.

Cet effort se fera par étapes, à compter de ce mois de mars. Tout d’abord, à l’échelle de chaque territoire, la CPAM enverra un courrier à l’ensemble des patients en affection longue durée (ALD) sans suivi afin de les aider à trouver un médecin. Ensuite, les CPAM s’adresseront aux généralistes. Ceux qui voient trois fois par an un malade chronique dont ils ne sont pas le médecin traitant se verront proposer de les suivre, avec un avantage, puisqu’un médecin traitant reçoit –en plus du prix des consultations– 70 € par an pour chaque patient ALD de plus de 80 ans et 42 € pour les moins de 80 ans.

Le but ? Toucher le tiers de malades chroniques sans médecin traitant qui voient pourtant un praticien régulièrement. La charge de travail des médecins sera aussi prise en compte. « Les médecins sont déjà dévoués à leur patientèle. Notre enjeu collectif n’est pas tant de travailler plus que d’accompagner les médecins avec de nouveaux outils et de nouvelles organisations pour leur permettre de prendre en charge davantage de patients », précise François Braun.

Parmi les généralistes ne recevant pas de malades chroniques réguliers, ceux ayant une patientèle de moins de 1 020 patients seront approchés en priorité, suivis de ceux qui travaillent avec un assistant médical ou une infirmière. Une fois ces courriers envoyés, en juin, les données seront transmises aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) – qui regroupent des acteurs de santé locaux – et aux CPAM, afin qu’elles trouvent une solution adaptée à chaque patient.

Les prises de contact seront effectuées prioritairement par les CPTS, mais les agents des caisses primaires pourront aussi prendre le relais en cas de besoin, ce qui correspondrait à leurs attentes. « Les agents des caisses primaires sont, en effet, très motivés par le fait de pouvoir effectuer un travail concret pour aider les gens », fait valoir le ministre. Dans tous les cas, les patients resteront libres de choisir leur médecin et celui-ci de refuser un nouveau patient. « Ce plan repose sur une libre acceptation des différentes parties », admet le cabinet du ministre.

Aussi, après une première rencontre avec un praticien, le patient pourra refuser d’intégrer la patientèle de ce dernier, et inversement. « Il ne s’agit pas de faire du matching administratif », insiste le ministère. Parmi les patients ALD sans suivi, certains craignent, en effet, d’être mis en relation avec un médecin à plusieurs kilomètres de leur domicile. Dans les territoires qui manquent le plus de praticiens, « des aides à la mobilité pourraient alors être mises en place », précise le cabinet du ministère.



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