Le plan pour la mixité sociale à l’école de Pap Ndiaye, des intentions ambitieuses et un sentiment d’inachevé


Une classe de l’Institut Sainte-Geneviève, établissement scolaire privé sous contrat, à Paris, le 12 mai 2020.

C’est peu de dire que le plan de Pap Ndiaye sur la mixité sociale des établissements scolaires était attendu. Une ambition affirmée dès sa nomination rue de Grenelle, des mois de discussions avec des acteurs du public mais aussi du privé sous contrat, des annonces plusieurs fois reportées sur fond de dissensions politiques… Ce sujet, érigé en priorité par l’historien spécialiste des minorités, a aiguisé les attentes de la communauté éducative, dans un système où l’origine sociale des élèves pèse lourdement sur leur destin scolaire ; suscité l’intérêt d’une partie de la gauche, qui voit dans la mixité le terreau de la promesse républicaine d’égalité des chances ; et provoqué l’indignation de la droite, attachée à la défense de la liberté d’enseignement.

Après une semaine de communication chaotique, Pap Ndiaye a signé en petit comité, mercredi 17 mai, un protocole avec le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC), puis a communiqué son plan global, regroupant les mesures prévues pour les deux secteurs d’enseignement, privé et public. Sans qu’il s’agisse d’obligations, l’enseignement catholique s’engage principalement dans son protocole à augmenter de « 50 % en cinq ans le nombre d’établissements proposant des contributions familiales modulées en fonction des revenus » ainsi qu’à « doubler le taux d’élèves boursiers en cinq ans, dans les établissements où les familles bénéficient d’aides sociales » équivalentes à celles prévues pour le public.

Quelques jours plus tôt, le 11 mai, le ministre avait demandé aux recteurs d’être en mesure de répondre à l’objectif de réduire « les différences de recrutement social entre établissements publics de 20 % d’ici à 2027 » grâce à une série « d’outils » à adapter sur chaque territoire, et de créer « avant l’été » une « instance de dialogue, de concertation et de pilotage de la mixité sociale et scolaire ».

L’aboutissement en deux temps d’un plan élaboré depuis des mois qui a viré au feuilleton politique. L’égalité des chances et la réussite des élèves passent par « l’implantation de filières d’excellence dans l’éducation prioritaire et par le renforcement de la mixité scolaire », expliquait Pap Ndiaye dès sa conférence de presse de rentrée, le 26 août 2022, alors que la thématique a toujours été absente du discours du président de la République, Emmanuel Macron, et avait disparu de l’agenda politique pendant cinq ans, sous le ministère de Jean-Michel Blanquer.

Terrain miné

Le sujet devient incontournable avec la publication des indices de position sociale (IPS), en octobre 2022, et fait entrer l’enseignement privé sous contrat dans l’équation. Ces indicateurs – qui permettent de déterminer le profil social des établissements –, rendus publics pour la première fois à la suite du recours devant le tribunal administratif d’un journaliste, jettent une lumière crue sur la ségrégation scolaire. On savait déjà que les collèges privés sous contrat scolarisent moins de 17 % d’élèves d’origine sociale défavorisée et concentrent 40 % d’élèves très favorisés, des proportions strictement inverses dans le public. Les IPS rendent ces chiffres généraux plus concrets en les transposant au niveau de chaque établissement. Ceux du privé représentent moins de 4 % des 10 % des collèges les plus défavorisés du pays, mais près des deux tiers des 10 % les plus favorisés.

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