Les affaires de violences sexuelles et sexistes enregistrées par le tribunal de Bobigny en hausse de 803% en cinq ans

Les affaires de violences sexuelles et sexistes enregistrées par le tribunal de Bobigny sont passées de 281 en 2017 à 2537 en 2022. Le procureur de la République appelle à renforcer les moyens.
La Seine-Saint-Denis est l’un des départements où le nombre de femmes victimes de violences conjugales est le plus élevé, expose un rapport du ministère de l’Intérieur datant de décembre 2022. Le département franciliens comptablise même une moyenne de 11,6 victimes pour 1000 habitantes. Un chiffre en hausse par rapport à l’année 2020.
Cette augmentation des violences est visible au tribunal de Bobigny où en cinq années, entre 2017 et 2022, les affaires de violences sexuelles et sexistes enregistrées ont bondi de 803%.
“En 2017, 281 affaires de cette nature ont été enregistrées au tribunal, détaille dans Le Parisien, le procureur de la République de Bobigny, Éric Mathais. Elles étaient 855 en 2019 et pas moins de 2537 en 2022, soit une hausse de 803%!”
“La parole s’est libérée”
Depuis le mouvement MeToo, le procureur affirme qu’il s’attendait à “une hausse importante, mais pas à une explosion aussi spectaculaire”.
“Je ne pensais pas, il y a encore quelques années, que le nombre de victimes qui se taisent était aussi important, explique-t-il, à nos confrères. La parole s’est libérée, et la justice a essayé d’accompagner ce mouvement.”
Éric Mathais nuance cependant son propos en mentionnant “la proportion beaucoup plus faible de dossiers qui aboutissent à une audience devant le tribunal correctionnel ou la cour d’assises”. En effet, ces dernières étaient 238 en 2017, “contre seulement 260 en 2019, et 348 en 2022”. Il relève quand même une progression de 46%.
La proportion des dossiers qui aboutissent à un procès a, elle, “dégringolé”, “passant de 85 % des affaires enregistrées en 2017 à seulement 14 % en 2022”, signale le procureur de la République de Bobigny.
Plus de moyens
Le magistrat du tribunal de Bobigny appelle à renforcer ses moyens pour “continuer à accompagner ce mouvement de libération de la parole”.
“Nous avons été un peu renforcés, en passant de 54 à 57 magistrats — nous sommes aujourd’hui 58 — dans le cadre du plan État plus fort en Seine-Saint-Denis”, précise Éric Mathais au Parisien.
Ce dernier espère atteindre les 70 magistrats, “avec les greffiers qui vont avec”, mais il indique qu’avec 65, les délais seraient réduits.