Les applis de suivi menstruel sont-elles dangereuses ?



Elles s’appellent Clue, Flo, Glow ou My Cycle Period. Ces applications numériques de la « femtech » (contraction de « female technology »), utilisées par des millions de femmes dans le monde, leur permettent de suivre leur cycle menstruel en détail, de la date des règles à la période de fécondation. Un succès qui s’explique en partie par la baisse, depuis une dizaine d’années, du recours à la contraception hormonale aux États-Unis et en Europe. Mais les informations qu’elles délivrent à coups de schémas et de pictogrammes sont-elles exactes ? Non, à en croire une récente publication du groupe de travail « Genre et recherches en santé » du Comité d’éthique de l’Inserm (1).

« La majorité de ces applications (54,4 %) utilisent la méthode du calendrier des règles pour prédire la période de fertilité et la date d’ovulation », rappelle le rapport. Or cette technique, « basée sur la date d’ovulation 14 jours après le début des règles, est largement reconnue comme non fiable ». En clair, les femmes qui s’en remettent à ces outils pour « contrôler leur fertilité » risquent une grossesse non désirée, quand celles qui y ont recours pour concevoir s’exposent à des déceptions. « Le problème, c’est que ces applications se présentent comme un dispositif médical, alors qu’elles n’ont rien de scientifique », résume la neurobiologiste Catherine Vidal, co-autrice de l’article.

Son inquiétude concerne aussi la sécurité des données fournies par les utilisatrices, en particulier aux États-Unis, dans un contexte de remise en question du droit à l’avortement. « Qu’est-il fait de ces informations qui concernent la vie intime des femmes ? À qui sont-elles vendues », s’interroge la chercheuse, alors qu’une enquête du Wall Street Journal a révélé, en 2019, que l’application Flo avait transmis des données personnelles à Facebook et Google…

Outre-Atlantique, ces applis ont massivement été désinstallées par les utilisatrices, craignant d’être ciblées comme des « personnes se renseignant sur l’avortement ». Pour le Comité d’éthique de l’Inserm, la conclusion est claire : si le numérique a une carte à jouer en matière de santé, les règles doivent être strictement définies et les usagers dûment informés.



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