Les armées confrontées à une évaporation croissante de leurs troupes


Lors d’un exercice au camp militaire de Sissonne (Aisne), le 22 avril 2023.

Ce n’est pas encore un désamour, plutôt une évaporation discrète, mais la tendance est de plus en plus tenace. Depuis quelques années, les difficultés de recrutement et de fidélisation au sein de l’institution militaire s’accroissent. Un sujet qui préoccupe le ministère et qui ne devrait pas manquer de susciter des débats, alors que débute, mardi 9 mai, devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale, l’examen de la loi de programmation militaire (LPM) censée planifier les dépenses des armées jusqu’en 2030, dans laquelle plusieurs articles sont consacrés à ce problème.

Dans le cadre d’un rapport parlementaire consacré au bilan de la précédente LPM – publié au mois de février et porté par les députés Yannick Chenevard (Renaissance, Var) et Laurent Jacobelli (Rassemblement national, Moselle) –, le ministère des armées a reconnu que, entre 2019 et 2022, une hausse globale des départs de l’ordre de 6 % avait été constatée, dont + 2,5 % pour les militaires et + 25 % pour les civils. Des chiffres qui sont allés jusqu’à mettre à mal les objectifs de recrutement – ainsi, 700 postes n’ont pas été pourvus en 2021 – et qui risquent de continuer de peser, alors que les armées ont l’ambition de créer 6 300 nouveaux postes d’ici à 2030.

La question de la stabilisation des effectifs des armées est un serpent de mer pour de multiples raisons. L’ancienne ministre des armées, Florence Parly, s’y était déjà attelée à travers notamment des « plans famille » destinés à améliorer l’ordinaire des militaires.

Mais le phénomène se durcit et rejoint aujourd’hui ceux d’autres corps régaliens, comme la police ou l’administration pénitentiaire. « Nous sommes habitués à avoir un turnover dans les équipes, mais nous n’avions jamais vu ce phénomène avec une telle ampleur », a avoué le directeur des ressources humaines du ministère des armées, Thibaut de Vanssay, lors de son audition par les parlementaires pour ce rapport.

« Sentiment de déficit de reconnaissance »

L’armée de terre est la plus concernée, principalement pour le recrutement des hommes du rang. En 2022, le taux de résiliation des contrats avant la fin de la formation a atteint 32 % alors que le maximum souhaité est de 25 %. « Une part non négligeable de ces jeunes dissimulent parfois une affection ou des problèmes médicaux (…), et on est obligés de leur dire non. Un deuxième facteur, c’est que des jeunes ont peut-être une vision fantasmée de la vie militaire », a justifié auprès du Parisien, le 21 avril, le général Marc Conruyt, directeur des ressources humaines de l’armée de terre, tout en expliquant que cette évaporation se tarissait après cinq ans de contrat, avec 82 % de renouvellement.

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