les débats toujours figés à l’Assemblée après une mobilisation moins importante


A Paris, « Avec le blocage ce sera une toute autre chanson, le gouvernement ne pourra plus nous ignorer »

Quatre heures après le début de la manifestation parisienne, le gros du cortège est arrivé place d’Italie. Les syndicats dressent un premier bilan de la journée. « Réussie », forcément, même si la mobilisation a été plus faible que samedi.

« Les vacances approchent, les gens ont donc d’autres préoccupations, on ne sent pourtant pas d’essoufflement », observe Olivier D., 45 ans, ingénieur dans la télécommunication venu de l’Essonne. Mais l’élu local CFDT se fait peu d’illusion sur l’écho de la journée auprès du gouvernement : « Qu’on soit cent milles ou des millions, ce n’est pas là que la lutte se jouera. Pour le gouvernement, c’est clair, la rue ne fait pas la loi. »

L’ingénieur n’attend plus que le « blocage » du 7 mars désormais. Sans redouter la moindre démotivation d’ici là : « Les gens vont se requinquer en vacances et revenir prêts pour la lutte. » Du Parlement, il n’attend plus grand chose. S’il pressentait « peu d’ouverture » dans la majorité, Olivier D. est déçu de l’opposition, qu’il espérait « plus solide sur le fond que sur la forme : ils n’ont pas toujours utilisé leur temps pour poser les vraies questions, celles que se posent les Français. »

Olivier D., 45 ans, ingénieur dans la télécommunication et élu local CFDT, lors de la manifestation contre le projet de loi sur les retraites à Paris, le jeudi 16 février 2023.

Plus loin sur la place, Laurent Grosset chante et boit un verre avec ses camarades de la CGT. Le quinquagénaire travaille pour un prestataire de la SNCF, une entreprise de préparation de repas destinés aux trains. A l’image de la musique crachée par son camion syndical, il juge la mobilisation « bon enfant ». Trop pour faire bouger les lignes. « Rendez-vous le 7 mars, prévient le militant CGT. L’Etat se fout des manifestations. Maintenant il faut bloquer. Les transports et les raffineries, comme toujours. Mais les routiers aussi, j’espère. S’ils s’y mettent ce sera une toute autre chose. Le gouvernement ne pourra plus nous ignorer. »

Laurent Grosset, 54 ans, salarié prestataire pour la restauration ferroviaire SNCF, lors de la manifestation contre le projet de loi sur les retraites à Paris, le jeudi 16 février 2023

Corentin Lesueur



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