les épreuves ont eu lieu, malgré la grève contre la réforme des retraites



« Ce n’était pas le but. Nous n’avons jamais voulu bloquer le bac, martèle Claire Guéville, secrétaire nationale du Snes-FSU, syndicat majoritaire dans le secondaire. Les enseignants ont montré qu’ils étaient déterminés à poursuivre les luttes, mais ils ont aussi laissé les élèves composer, comme nous avions toujours convenu de le faire. »

Ce lundi 20 mars, la réforme des retraites s’est invitée aux portes de certains lycées où les élèves de terminale passaient leurs épreuves anticipées de spécialité. Pas de gros rassemblements, mais des « actions ponctuelles » ont eu lieu notamment en Île-de-France, à Lille, Rennes, Montpellier ou encore Aix-Marseille. « C’était une grève non majoritaire, très différemment suivie selon les académies », résume Claire Guéville.

Dans certains endroits, le nombre de grévistes était important, comme au lycée Voltaire à Paris, ce qui a nécessité des adaptations. « Nous avons compté 50 % de grévistes, mais avons tout de même pu ouvrir toutes les salles d’examen nécessaires, témoigne Carole Zerbib, la proviseure. J’ai, pour cela, regroupé des élèves dans certaines salles, afin d’avoir moins de besoins en surveillants. »

« Les épreuves ont débuté à l’heure partout »

En fin de compte, la tenue des examens ne semble pourtant avoir été perturbée nulle part. À Paris, toujours, « les épreuves ont débuté à l’heure partout, et les centres d’examen avaient prévu un nombre suffisant de surveillants. Nous n’avons pas dû faire appel à des personnels non enseignants », se félicite Jean-François Berle, adjoint au directeur de l’enseignement (Dasen).

Ailleurs, de nombreux grévistes ont opté pour des mobilisations festives. Aux classiques pancartes et banderoles ont répondu des formes plus inhabituelles de mobilisation : à vélo comme à Albi, ou en forme de haie d’honneur avec distribution de bonbons aux bacheliers devant les grilles de Jean-Jaurès, à Montreuil.

« C’est une journée réussie »

« Nous avons manifesté dans une ambiance festive et estimons que c’est une journée réussie pour tout le monde : les professeurs, qui ont pu donner de la visibilité à leur mobilisation, et les élèves qui ont pu composer librement », résume pour sa part Pierre, un enseignant du lycée Utrillo de Stains (Seine-Saint-Denis). Cet établissement, classé en ZEP, était à la pointe de la contestation. Dès vendredi 17 mars, une AG avait eu lieu en salle des profs, à l’issue de laquelle les enseignants s’étaient engagés à poursuivre leur mobilisation malgré le bac.

Dans cet établissement parmi les plus pauvres du département, les motifs de colère se sont accumulés au fil du temps. Aussi, « le mot d’ordre était triple », détaille Pierre : retraites, fermetures de classes, sélection sur Parcoursup « qui acte la fin du droit d’accès à l’enseignement supérieur »… Aussi Pierre estime que, dans les jours qui viennent, le nombre de grévistes ne baissera pas. Ce lundi, des collègues de lycées voisins sont même venus à Utrillo, et au final « il y avait beaucoup de monde, même s’il est difficile de donner un chiffre ». Prudent, le proviseur avait convoqué tous les enseignants afin d’être sûr que les épreuves aient lieu.

Des chefs d’établissement prudents

La même prudence semble avoir prévalu ailleurs. À l’échelle nationale, le SNPDEN, le syndicat de représentants des personnels de direction, affirme qu’« il n’a pas eu de problème à signaler » après le début des épreuves.

Les parents d’élèves ont aussi salué le sens de la responsabilité des grévistes : « Il semble que tout le monde ait été attaché à ce que les épreuves se déroulent dans les meilleures conditions possibles, a ainsi estimé Grégoire Ensel, président national de la FCPE, en fin d’après-midi. Nous avons obtenu du ministère la plus grande bienveillance et tolérance face à de possibles retards ou situations de blocage. Les équipes de direction se sont adaptées et ont veillé au respect de ces consignes pour ne pas ajouter du stress au stress. »



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