Les États-Unis accusent des nationalistes afro-américains d’agir pour le compte de la Russie


Omali Yeshitela, militant des droits civiques aux États-Unis et président de la coalition Black is Back, le 7 novembre 2009. NICHOLAS KAMM

Le ministère américain de la justice a mis en examen mardi 19 avril le fondateur et trois membres d’un groupe nationaliste afro-américain, accusés d’avoir collaboré avec les services de renseignement russes en vue d’influencer les élections aux États-Unis. Omali Yeshitela, fondateur de l’African People’s Socialist Party (APSP) et du Uhuru Movement, et trois autres membres du parti, Penny Joanne Hess, Jesse Nevel et Augustus Romain, sont soupçonnés d’avoir servi comme agents au service de la Russie et conspiré contre les intérêts américains, notamment en tentant d’influencer plusieurs élections. Ils risquent jusqu’à dix ans de prison.

Selon l’accusation, les quatre prévenus ont reçu de l’argent et du soutien de la part d’Alexander Ionov, un citoyen russe qui opérait sous couverture et se présentait comme le leader d’un mouvement antimondialisation, ainsi que de la part d’espions du FSB, les services secrets russes. «L’annonce d’aujourd’hui dresse un tableau alarmant des actions du gouvernement russe et des limites que le FSB est prêt à franchir pour interférer avec nos élections, semer la discorde dans notre pays et, en fin de compte, recruter des citoyens américains pour les aider dans leurs efforts», a dénoncé Kurt Ronnow, directeur adjoint par intérim du FBI.

Selon la justice américaine, les prévenus savaient tous que Alexander Ionov, que l’on soupçonne d’avoir désormais fui en Russie, travaillait pour Moscou. Le mouvement nationaliste noir, associé aux noms de Malcolm X ou des Black Panther, a pris de l’ampleur aux États-Unis au milieu du XXe siècle, et revendique une logique de confrontation avec les autorités pour défendre les intérêts des Afro-Américains. Fondé en 1972, l’APSP défend «la classe ouvrière africaine» contre «la domination capitaliste et colonialiste américaine», selon son site internet.

Omali Yeshitela, son fondateur, s’est rendu en Russie en 2015 pour passer un accord avec le mouvement de Alexander Ionov, selon l’accusation. En 2016, celui-ci a financé une tournée de manifestations organisées par l’APSP pour soutenir une «pétition sur le crime de génocide contre le peuple africain aux États-Unis». Au-delà de cette opération de déstabilisation, les prévenus ont également tenté d’influencer en 2017 et 2019 les élections locales à Saint Petersburg, en Floride, où est basé leur parti. Ils sont également soupçonnés d’avoir cherché à influencer les élections nationales de 2020. En 2022, l’un des prévenus, Augustus Romain aurait également reçu des fonds de Alexander Ionov «pour promouvoir les intérêts de la Russie en relation avec l’invasion russe de l’Ukraine», selon l’accusation.



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