les Européens s’accordent sur un plafonnement



La septième réunion du Conseil européen des ministres de l’énergie depuis le mois de juin aura été la bonne, avec la signature d’un accord pour plafonner les prix de gros du gaz lundi 19 décembre.

Il a été fixé à 180 €/MWh, un niveau qui avait été atteint cet été après l’arrêt des livraisons de gaz russe par Nord Stream. Le mécanisme est assez complexe et repose sur deux conditions. Il sera mis en œuvre, dès lors que ce prix de gros, négocié sur l’indice TTF de Rotterdam qui fait référence, sera dépassé durant trois jours consécutifs et s’il est supérieur d’au moins 35 € au prix international moyen du gaz naturel liquéfié (GNL).

« C’est un accord a minima qui vise surtout un affichage politique, comme sur l’embargo sur le pétrole russe, mais qui aura sans doute peu d’impact », souligne un bon connaisseur du secteur. L’indice TTF évoluait, lundi 19 décembre, autour de 110 €/MWh.

Des Européens divisés

Les discussions ont été longues et difficiles. La Commission avait initialement proposé de plafonner les contrats dès lors qu’ils dépassaient 275 €/MWh pendant deux semaines consécutives, ce qui ne s’était encore jamais produit.

De leur côté, l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas s’opposaient à toute mesure qui puisse restreindre l’offre de gaz, au nom de la sécurité d’approvisionnement. En clair, pour eux, mieux vaut payer le gaz plus cher que prendre le risque de ne pas en avoir du tout. « Personne en Allemagne n’est opposé à de faibles prix du gaz, mais nous savons que nous devons être très prudents pour que le remède ne soit pas pire que le mal », expliquait le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, juste avant la réunion.

Une dizaine de pays, parmi lesquels la Belgique, la France la Grèce et la Pologne, demandaient de leur côté la mise en œuvre d’un plafond inférieur à 200 €/MWh. Ils ont obtenu gain de cause. Il s’agit pour eux de se protéger contre les brusques hausses de prix en cas de tension internationale.

L’Allemagne obtient des garanties

Finalement, sur les 27 États membres, seule la Hongrie a voté contre l’accord. Les Pays-Bas et l’Autriche se sont abstenus. L’Allemagne, en revanche, a voté pour, estimant avoir obtenu des garde-fous suffisants, comme une clause de désactivation automatique en cas de perturbations imprévues.

Ces dernières semaines, les messages d’alertes se sont en effet multipliés sur les risques de pénurie de gaz en Europe pour l’hiver 2023-2024, malgré le souhait de l’Union européenne de réduire la consommation d’au moins 15 %, dès cette année.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il pourrait manquer 27 milliards de mètres cubes de gaz l’an prochain, soit l’équivalent de 6,5 % des besoins européens, si la Russie stoppe totalement ses livraisons et si les importations chinoises de GNL rebondissent à leur niveau de 2021.

De son côté, la Russie a qualifié d’« inacceptable » ce plafonnement. « C’est une violation du processus de marché pour la formation des prix », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il n’a toutefois pas dit comment la Russie compte réagir à cette nouvelle règle.



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