les forces de l’ordre empêchent les migrants de se réinstaller à Stalingrad



Mardi 10 janvier, 19h. Comme chaque soir, une centaine de migrants installent des cartons sous le métro aérien, près de la station Stalingrad, à Paris. Parmi eux, Emzar, un demandeur d’asile afghan. Il raconte avoir été réveillé à 5h du matin par les CRS : “Ils sont venus ce matin en disant ‘Dégagez’.” Il mime en même temps les coups de pieds qu’il a reçus de la part des policiers pour le réveiller. “On ne comprend pas pourquoi ils font ça“, se désole-t-il. 

Plusieurs vidéos montrent les violences subies par les hommes qui tentent de dormir sur ce bout de trottoir, protégés des intempéries par le pont du métro aérien. Par exemple, dans une vidéo filmée par l’association Utopia 56 le 7 janvier 2023, on voit des policiers sortir un homme de sa tente en le tirant par les pieds. Dans plusieurs autres vidéos d’expulsion tournées par des exilés eux-mêmes début janvier 2023, on voit notamment un policier hurler “Bouge !” à un homme assis par terre avant de donner un coup de pied sur son matelas.

Les hommes qui subissent ce harcèlement des forces de l’ordre sont pour la plupart des demandeurs d’asile afghans. La majorité viennent d’arriver en France après un long périple pour fuir le régime des talibans. Aucun lieu d’accueil ne leur est proposé. “Ce sont des personnes qui ont un parcours migratoire assez traumatisant” explique Camille, présidente et fondatrice de l’association Tendre la main, qui aide ces migrants notamment pour leurs démarches administratives. “En Turquie, en Bulgarie, en Serbie, même en Autriche, ils subissent des violences policières. Arriver en France et subir la même chose, ce n’est pas facile pour eux.

Camille et une poignée d’autres bénévoles se mobilisent pour tenter de “protéger” ces migrants. “On essaye d’être là dès 5h du matin, parce que les expulsions peuvent avoir lieu à 5h comme à 9h du matin. La journée, ils n’ont même pas le droit d’être assis par terre”, témoigne Camille. “Quand nous sommes là, heureusement ils [les forces de l’ordre] ne font rien. Quand nous ne sommes pas là, ils agissent”, racontent de son côté Yann, bénévole pour l’association Solidarité migrants Wilson. Le jeune homme assure avoir constaté de ses yeux des lacérations de tente, des coups de matraque et des gazages d’exilés. “On essaie d’être là le soir et le matin, pour les protéger, entre guillemets”, précise le bénévole de cette association citoyenne organisant notamment des distributions de nourriture. 

Avant de les laisser dormir quelques heures, deux jeunes bénévoles assurent des soins de fortune contre la gale. D’autres aident à remplir les papiers pour les demandes d’asile. Le lendemain, les policiers viendront les expulser à 7h.





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