les fumées font suffoquer le nord-est des Etats-Unis et atteignent le nord de l’Europe


Le ciel de New York envahi par les fumées des incendies canadiens, le 7 juin.

Les incendies au Canada ont continué jeudi de charrier leurs fumées vers l’est des Etats-Unis, et même jusqu’en Norvège, a annoncé vendredi 9 juin l’institut norvégien de recherche climatique et environnementale (NILU). Il s’agit d’un épisode de pollution atmosphérique rare qui touche plus d’une centaine de millions d’Américains et constitue « un rappel brutal des conséquences du changement climatique », selon le président américain, Joe Biden.

Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement, l’EPA, plus de 111 millions de personnes étaient concernées par des alertes à la qualité de l’air dans une vaste partie du nord-est des Etats-Unis.

En Norvège, de « très faibles » concentrations de particules de fumées sont mesurées depuis lundi, en particulier à la station de Birkenes, dans le sud du pays, a annoncé le chercheur Nikolaos Evangeliou. Les mesures varient depuis en fonction de l’intensité des feux, de l’orientation des vents et des précipitations.

« Nous ne voyons pas de pic sérieux ni d’augmentation importante (…) Nous ne voyons donc pas problème environnemental [en Norvège] ni non plus de risque sérieux de santé », a-t-il précisé.

« Cela m’a fait penser au 11-Septembre »

A Washington, le 8 juin.

Aux Etats-Unis, ces fumées ont eu des conséquences concrètes sur la vie des habitants de l’est du pays, et sur leur santé. La région est peu habituée à ce type de fumées, contrairement à l’Ouest américain, où les incendies sont courants.

A Washington, la situation s’est aggravée jeudi : l’alerte à la pollution de l’air étant passée un temps à « violette » (« très mauvais pour la santé »), son plus haut niveau avant « brun » (« dangereux »), avant d’être rétrogradée à « rouge » (« mauvais pour la santé ») en fin d’après-midi.

Un événement célébrant le mois des fiertés LGBT+ (« Pride Month »), qui devait se dérouler jeudi soir à la Maison Blanche en extérieur, a été reporté, tout comme le match de base-ball qui devait opposer l’équipe locale, les Nationals, aux Diamondbacks de Phoenix.

L’inquiétude concerne surtout la santé des personnes fragiles, comme les enfants, les personnes âgées ou celles ayant des problèmes cardiaques ou respiratoires. Les visites aux urgences liées à des crises d’asthme ont augmenté à New York, a annoncé un porte-parole du département en charge de la santé de la ville. Mais ces « quelques centaines » de patients ne débordent pas les services, a-t-il précisé.

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« Je n’ai jamais vu quelque chose comme ça », a dit Linda Juliano, 65 ans, en acceptant l’un des millions de masques distribués aux New-Yorkais. « Cela m’a beaucoup fait penser au 11-Septembre, de voir le ciel rempli de fumée », jugeant la situation « angoissante ».

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Tout comme celui de Washington, les zoos du Bronx et de Central Park ont été fermés, et les élèves des écoles publiques de New York doivent suivre leurs cours à distance vendredi. Aux aéroports de New York ou encore de Philadelphie, les vols ont subi des retards liés à la faible visibilité, a fait savoir l’Agence de l’aviation civile, la FAA.

Canicules et précipitations en baisse

Image satellite d’un des incendies qui ravagent le Canada, ici près de Shelburne, dans la province de Nouvelle-Ecosse, dans l’est du pays.

Le réchauffement climatique exacerbe le risque d’incendies et leur intensité. L’augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroits représentent une combinaison idéale pour leur développement.

Même si aucune étude évaluant le lien entre les feux actuels au Québec et le changement climatique n’a été encore conduite, « les conditions que nous voyons au Canada sont conformes aux avertissements des spécialistes du climat », a constaté jeudi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

Evoquant à la fois la fumée des incendies et une recrudescence des phénomènes d’inondation à travers les Etats-Unis, un porte-parole de la Maison Blanche, Andrew Bates, a fustigé l’opposition républicaine qui, selon lui, « adhère à des théories du complot démenties, niant l’existence et la nature du changement climatique ».

Joe Biden, qui s’est entretenu mercredi avec le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a promis d’aider à lutter contre ces incendies.

800 000 hectares touchés

La saison des feux au Canada cette année, qui ne fait que commencer, sera « probablement la pire de l’histoire » du pays, avec « des conséquences immenses ici aux Etats-Unis », a prévenu le président américain.

Avec près de 800 000 hectares touchés par les incendies, selon les autorités, le Québec vit une saison déjà historique. Deux fois plus de départs de feux ont été recensés depuis janvier par rapport à la moyenne à cette époque sur les dix dernières années.

Jeudi, la province francophone recense toujours plus de 150 feux actifs, dont près de 90 hors de contrôle. De nouveaux renforts — venus des Etats-Unis, de France ou encore du Portugal — sont attendus dans les jours qui viennent.

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La situation demeure préoccupante dans plusieurs régions, selon Stéphane Caron, coordonnateur à la prévention et aux communications auprès de la Société de protection des forêts contre le feu du Québec. « On est seulement au tout début de cette saison de feux », s’est-il inquiété.

Les risques de nouveaux départs de feux sont toujours importants : dans la partie ouest du Québec, ils sont considérés comme « extrêmes » par les autorités. Ces brasiers sont de forte intensité et à propagation rapide, donc très complexes à arrêter pour les pompiers, expliquent-elles.

Le Monde avec AFP



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