Les JO de Paris se rêvent « cyclables »



En septembre dernier, Élisabeth Borne l’avait clamé haut et fort : les Jeux Olympiques de Paris doivent être « une vitrine du vélo en France ». À un an et demi de l’évènement, pourtant, l’affaire est mal embarquée : 90 % des sites accueillant des compétitions sont actuellement difficiles d’accès à deux-roues, d’après une récente étude. Pour être dans les temps, Anne Hidalgo a donc présenté mi-février un projet de réseau ambitieux d’« olympistes », qui ravissent les associations pro-cycles et devraient changer durablement le visage de la capitale.

Au total, la maire socialiste a annoncé 30 nouveaux kilomètres de pistes cyclables, qui viendront s’ajouter aux 30 autres kilomètres déjà construits ou en cours de construction. « Si on rate le coche de cette accélération qui est rendue possible par les JO, on sera tous un peu responsables d’avoir perdu du temps là où l’on pouvait en gagner », a-t-elle avancé au cours de la conférence de presse qui a suivi. L’échéance permet surtout à Paris de prendre de l’avance sur le Plan vélo 2021-2026, qui promettait une capitale « 100 % cyclable » d’ici la fin de son mandat, avec 130 kilomètres de pistes supplémentaires.

Des Vélib’ et des arceaux en rab

Avec ces changements, les associations espèrent désormais que les Jeux Olympiques seront pleinement « cyclables ». « Les JO peuvent accélérer la transformation de Paris et des villes alentour, tout en proposant des solutions de mobilité pour les spectateurs, assure Camille Hanuise, directrice de Paris en Selle. Mais il y a deux ans, on était un peu les seuls à y croire. » « Ça implique des aménagements, comme les pistes cyclables, complète Jeanne Bruge, directrice adjointe du Collectif Vélo Île-de-France. Mais ça inclut aussi tout ce qu’on va mettre autour pour convaincre les gens de faire du vélo : les vélos en location, les stationnements de vélo… »

Sur ce sujet aussi, les requêtes citoyennes ont été entendues : Vélib’ a déjà annoncé le déploiement de 3 000 engins supplémentaires pendant les Jeux, tandis que 10 000 places de stationnement aux abords des différents sites devraient prochainement être créées. Elles se faisaient jusqu’ici cruellement attendre. « Autour du Stade de France, il doit y avoir 40 arceaux pour les vélos, pour un stade de 80 000 places, déplore Jeanne Bruge. Au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, il y en a seulement une centaine, alors qu’on peut imaginer que c’est un public de cyclistes qui va venir… »

Un complément aux transports en commun

En comprenant les Jeux Paralympiques, 10 millions de spectateurs seront attendus pendant un mois dans la capitale. Ce qui a poussé Île-de-France Mobilités à lancer de gros projets sur toute la région (extension de la ligne 14 de métro, ouverture d’un nouveau RER), au milieu desquels les cycles doivent trouver leur place. « La solution vélo n’est pas du tout en opposition aux transports en commun, souligne tout de même Jeanne Bruge. On veut juste permettre aux personnes qui le souhaitent d’accéder aux sites à vélo, en toute sécurité. Si ce n’est pas anticipé, c’est le meilleur moyen de se retrouver avec des vélos attachés à toutes les grilles des bâtiments alentour et pour l’image des Jeux, personne ne veut ça.»

Pour les associations, l’enjeu est maintenant de s’assurer que les collectivités mènent les travaux en temps et en heure, alors que les timings sont de plus en plus serrés. « On mise sur un urbanisme léger, avec des plots, de la peinture, pour tout déployer rapidement », se projette Camille Hanuise. Une méthode similaire à celle utilisée pour les coronapistes, ouvertes pendant la pandémie de Covid-19, dont une grande partie a aujourd’hui été pérennisée à Paris. Au vu des récentes annonces, les soutiens des olympistes rêvent de la même success story.



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