Les Maoris de Nouvelle-Zélande ont choisi une nouvelle reine de 27 ans
« Le roi est mort, vive la reine ! ». Une semaine à peine après le décès du roi des Maoris Kiingi Tuheitia à l’âge de 69 ans, les Maoris de Nouvelle-Zélande ont choisi jeudi 5 septembre de nommer une jeune femme de 27 ans comme leur nouvelle reine. « Le monde maori aspire à un leadership plus jeune » dans une période soumise à de nombreux changements, a expliqué à l’Agence France-Presse Karaitiana Taiuru, spécialiste de la culture maorie. « Il s’agit d’une rupture avec les choix traditionnels de chefs chez les Maoris où l’enfant le plus âgé, généralement un homme, a tendance à succéder », a-t-il ajouté.
Une cérémonie traditionnelle
Nga Wai hono i te po Paki a été acclamée lors d’une cérémonie d’intronisation sur l’île du Nord, à laquelle ont assisté des milliers de personnes, le jour même de l’enterrement de son père sur une montagne « sacrée ». La nouvelle reine est la plus jeune enfant et la seule fille du roi Tuheitia Pootatau Te Wherowhero VII, mort paisiblement vendredi dernier, entouré de sa famille, quelques jours après le 18e anniversaire de son couronnement.
Elle a été conduite sur son trône par un groupe d’hommes tatoués et torse nu portant des lances de cérémonie, tandis qu’un chœur de femmes vêtues de noir chantait en son honneur. Portant une couronne de feuilles sur la tête et un collier en os de baleine autour du cou, la nouvelle reine s’est assise à côté du cercueil de son père pendant que des prières et des chants étaient récités, et des rites exécutés. Pour marquer l’anniversaire du couronnement de son père en 2016, elle s’est fait tatouer de manière traditionnelle sur le menton. Par le passé, elle a étudié la langue maorie et le droit coutumier à l’Université de Waikato (île du Nord) et a également enseigné le chant et les danses de son peuple aux enfants.
Une deuxième reine
Le roi Charles III, monarque britannique, est le chef d’État de la Nouvelle-Zélande, tandis que le monarque maori joue un rôle essentiellement cérémoniel, sans statut juridique. Mais il revêt une importance culturelle et parfois politique considérable, en tant que puissant symbole de l’identité et de la parenté maories. La reine Nga wai est le huitième monarque maori et la deuxième reine. Sa grand-mère, la reine Te Arikinui Dame Te Atairangikaahu, a précédemment occupé ce poste pendant quatre décennies, jusqu’en 2006.
Une flottille composée de quatre « wakas », des pirogues de guerre, a transporté le cercueil du roi le long du fleuve Waikato. Le cortège funéraire s’est ensuite arrêté au pied du mont « sacré » de Taupiri. Puis des rugbymen, jouant le rôle de porteurs, en ont gravi les pentes abruptes jusqu’au sommet pour permettre à l’ancien monarque de rejoindre ses prédécesseurs.
Les Maoris seraient originaires des îles situées autour de Tahiti et représentent environ 17 % de la population néo-zélandaise, soit quelque 900 000 personnes. L’arrivée des Européens en Nouvelle-Zélande en 1642 a entraîné la colonisation, la discrimination anti-Maori et des guerres qui n’ont cessé qu’après le traité de Waitangi de 1840. Ce traité, signé entre les Britanniques et des centaines de chefs maoris, est considéré comme le document fondateur de la Nouvelle-Zélande et a établi le contrôle britannique sur le pays.