Les NFT font leur entrée au Centre Pompidou


« CryptoPunk #110 » (2017).

Le Centre Pompidou est-il la première institution artistique française à intégrer des NFT dans ses collections ? Pas tout à fait, puisque fin janvier, le Musée Granet, à Aix-en-Provence, lui grillait la politesse en annonçant faire entrer les œuvres de son exposition sur les formes artistiques issues de l’art numérique dans sa collection municipale. L’opération, en préparation depuis un an, n’en reste pas moins une grande première pour un musée national en France, et est le fruit d’un travail conjoint avec le ministère de la culture, notamment pour border les questions légales concernant le wallet (portefeuille), ce support à travers lequel sont réalisées les transactions en cryptomonnaie, qui sera ainsi hébergée par une institution financière publique.

Le 18 janvier, 18 œuvres de 13 artistes français et internationaux traitant des relations entre blockchain et création artistique ont ainsi été retenues par la commission d’acquisition du Musée national d’art moderne, et entrent dans la collection « nouveaux médias », dévolue aux usages artistiques de technologies émergentes, par dons des artistes ou par achat par l’intermédiaire d’un mécène.

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Ces œuvres, issues de pratiques et de cultures diverses – le crypto art, le Net art, l’art génératif, le pixel art ou les arts plastiques –, rendent compte de la variété des formes et des positions conceptuelles adoptées par les artistes face à la blockchain (la chaîne de blocs, technologie permettant de stocker et de transmettre des informations sans organe de contrôle), par-delà le phénomène spéculatif qui a accompagné l’émergence des NFT. « Les acquisitions sont un processus long, mais maintenant que la folie sur la valeur spéculative est retombée, on peut parler d’autres niveaux de valeur, artistiques, dans un climat plus apaisé », commente Marcella Lista, conservatrice en chef au Centre Pompidou. L’institution précise dans un communiqué qu’il s’agit « d’explorer les usages créatifs les plus audacieux de cette technologie, engageant une réflexion singulière sur l’écosystème de la crypto-économie et ses incidences sur les définitions et les contours de l’œuvre d’art, de l’auteur, de la collection et du public ».

Dématérialisation de l’œuvre d’art

Le Musée national d’art moderne annonce également la liste d’artistes et d’œuvres retenues, qui inclut aussi bien une pièce du plasticien Claude Closky intitulée NFT, qu’un CryptoPunk (le #110) de Larva Labs, un de ces fameux « collectibles », issus de productions sérielles. Figurent également sur la liste : Aaajiao, NTFs_aaajiao ; Emilie Brout et Maxime Marion pour Nakamoto (The Proof), sur des preuves de l’existence de Satoshi Nakamoto, le mystérieux inventeur du bitcoin ; Fred Forest, NFT-Archeology ; John Gerrard, Petro National (Nigeria) et Smoke Hands (Dark) ; ou encore Agnieszka Kurant, Sentimentite-Mt Gox Hack, sur l’histoire des monnaies alternatives et le rôle de l’intelligence artificielle dans l’imaginaire technologique.

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