Les oiseaux, merveilleux messagers



Jean-Noël Rieffel voue depuis l’enfance une passion dévorante aux oiseaux. De ce « plaisir simple », il a fait son « art de vivre ». Il ne cesse de les guetter, les observer, scruter leurs sarabandes aériennes, percer leurs mystères. Les oiseaux, « artisans légers de l’alliance entre la terre et le ciel », nous enseignent le silence, la patience, la solitude, le sens de l’émerveillement. Ils nous confrontent à la fragilité de nos existences, écrit-il dans un livre envoûtant, récit de compagnonnage avec la gent ailée. « Pourquoi, s’étonne-t-il,sommes-nous encore si peu nombreux à être sensibles à la présence des oiseaux ? »

Son « journal d’un ornithologue un peu perché » se lit comme on ouvre une malle aux trésors, enthousiasmé par l’étourdissante érudition, l’émouvante proximité, affligé par l’étendue de notre ignorance et de notre manque de curiosité. Nous ne savons plus voir, ni écouter. Notre temps de cerveau disponible pour l’observation et la contemplation est colonisé par nos écrans portatifs qui nous forcent à baisser les yeux au lieu de lever le nez. Qui sait encore écouter les trilles des oiseaux, déchiffrer leurs vocalises, identifier les maîtres chanteurs des nuées ?

Capable, entre autres, de discerner la chouette de Tengmalm, la bouscarle de Cetti, l’accenteur mouchet, la rousserolle effarvatte, le motmot à sourcils bleus, l’oriole d’Altamira, le quiscale, Jean-Noël Rieffel décrit, avec des mots précieux et précis, hérités de siècles de patientes connaissances, les mœurs et les coutumes de ces solistes. Il s’alarme de leur disparition accélérée, chassés par une humanité affairée, qui ne se soucie guère, absorbée par son hubris et son tintamarre, de cieux peu à peu désertés. « N’entendrons-nous donc plus demain, les oiseaux susurrer ? litaniser à l’infini ? tristiller ? chantuser ? piboler ? gringotter ? dideluler ? »

Ce guide intarissable, inspiré par les arabesques au milieu des nuages et les refuges secrets de ces animaux fragiles, s’inquiète de leur « hécatombe silencieuse ». Il parle de déclin massif. « Le jour où le monde sera dépeuplé de ses oiseaux chanteurs, l’humanité aura perdu l’un de ses plus grands trésors. »

La « symphonie printanière » signe le retour des oiseaux migrateurs et confirme la régularité des cycles de la nature. Ces éveilleurs sont les messagers d’une inaltérable permanence. « La lumière des oiseaux est finalement un éclair d’éternité dans nos vies de passage », écrit Jean-Noël Rieffel. Ils se relaient pour nous rappeler que, comme eux dans les cieux, nous ne sommes qu’éphémères sur la terre.



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