l’exemple familial, essentiel pour devenir donateur



« Environ la moitié de la population française de 16 ans ou plus déclare avoir effectué des dons aux associations au cours des douze derniers mois », selon une publication de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), publiée le 4 septembre, qui porte sur 2021.

C’est beaucoup plus que les 5 millions de foyers fiscaux, soit un sur sept, qui ont déclaré la même année un don à l’administration fiscale. Et davantage également que les 19,9 % de foyers fiscaux imposables, soit près d’un sur cinq, recensés comme donateurs par Recherches&Solidarités. « C’est effectivement plus, mais cette différence tient à plusieurs facteurs », explique Amélie Mauroux, cheffe de la mission enquêtes et données statistiques de l’Injep.

D’une part, poursuit-elle, « la plus grande différence, c’est que notre enquête ne recense pas que les dons monétaires mais aussi les dons matériels du type nourriture, vêtements, jouets ou encore livres ». Si trois donateurs sur quatre font effectivement un don monétaire, selon l’Injep, un sur deux fait un don matériel et un donateur sur trois fait les deux.

Une grande variété de dons

De plus, à la différence des données fiscales, l’enquête de l’Injep recense aussi les dons monétaires non assujettis à une réduction d’impôt. « Les dons à des associations non reconnues comme d’intérêt général, les dons réalisés sur des cagnottes en ligne, les dons en espèces lors de collectes, les microdons ou les opérations de type pièces jaunes par exemple ne sont pas déclarés aux impôts », poursuit Amélie Mauroux.

Enfin, l’enquête de l’Injep est fondée sur du déclaratif, ce qui peut encourager certains à se dire donateurs alors qu’ils ne le sont pas, ou pas cette année-là, pour se valoriser, alors qu’à l’inverse certains foyers non imposables peuvent ne pas voir d’intérêt à déclarer aux impôts un don qui ne va pas leur rapporter de déduction fiscale.

Concernant le profil des donateurs, ils sont sans surprise « plus souvent aisés, âgés et diplômés » que la moyenne de la population, indique l’étude. Ainsi, 38 % des donateurs ont un revenu mensuel d’au moins 3 000 €, contre 29 % des non-donateurs ; 56 % des répondants ayant un diplôme supérieur au bac sont donateurs, contre 41 % de ceux n’ayant pas le bac ; 58 % des plus de 65 ans déclarent avoir fait au moins un don au cours des douze derniers mois, soit 10 à 11 points de plus que pour les autres tranches d’âge.

Avoir eu, ou pas, un donateur parmi ses proches durant l’adolescence

« La socialisation familiale apparaît comme le principal facteur explicatif de la propension à effectuer des dons avant même les caractéristiques socio-économiques », affirme l’étude de l’Injep. Ainsi, « parmi les répondants ayant eu un proche qui donnait lors de leur adolescence, 67 % d’entre eux ont effectué un don à une association en 2021, contre 42 % de ceux n’ayant pas eu de proche donateur lors de leur adolescence », écrit l’Injep. « Si on calcule toutes choses égales par ailleurs, en décorrélant la part revenus et catégories sociales par exemple, il y a un écart de 20 points entre ceux qui ont eu ce modèle et ceux qui ne l’ont pas, reprend Amélie Mauroux. C’est un écart beaucoup plus important que pour les autres facteurs. »

Ainsi, le fait d’être une femme n’augmente que de 6 points la propension à être donateur par rapport au fait d’être un homme. Et l’écart entre les cadres et les ouvriers n’est que 5 points, tout comme celui entre les plus de 65 ans et les 25-44 ans. En revanche, nuance la statisticienne, « il faudrait une étude sociologique pour mesurer si cette transmission familiale relève plutôt d’une transmission de valeurs ou d’une plus grande proximité du monde associatif ».

Le fait d’être bénévole dans une association influe aussi beaucoup sur le comportement de donateur. « À caractéristiques sociodémographiques similaires, ce facteur accroît de 11 points la probabilité de donner », ajoute l’Injep.



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