L’humoriste Guillaume Bats, adepte de l’autodérision et de la provocation, est mort


Guillaume Bats, avant le match de Ligue 1 entre le PSG et l’OL, au Parc des Princes, à Paris, le 2 avril 2023.

Il était le plus connu des humoristes handicapés parce qu’il fut le premier à utiliser la scène pour se moquer de lui et de nous, de notre regard et de nos préjugés quant aux personnes « différentes ». Guillaume Bats est mort jeudi 1er juin à l’âge de 36 ans. Atteint depuis la naissance de la maladie des os de verre – la même pathologie que le musicien Michel Petrucciani –, il avait choisi l’humour « presque par obligation, pour [s]e sentir mieux et [s]’accepter », résumait-il le 28 mai dans les colonnes du Journal du dimanche. Adepte de l’autodérision et de la provocation, il lançait, en 2018, dans son premier one-man-show, Hors cadre : « On dit que Dieu a créé l’homme à son image… j’ai un doute ! »

Guillaume Bats disparaît alors qu’il avait de multiples projets. Il était en pleine tournée pour son nouveau spectacle, Inchallah. « Notre-Dame a brûlé, pas lui ! La gargouille la plus drôle de Paris descend de la cathédrale pour monter une nouvelle fois sur scène le temps des réparations », annonçait l’humoriste. Il devait notamment le jouer en juillet au festival off d’Avignon. Puis, en fin d’année, il devait tourner dans une comédie écrite par son producteur et coauteur, Jérémy Ferrari.

C’est en 2012, dans l’émission « On n’demande qu’à en rire », animée par Laurent Ruquier, sur France 2, que Guillaume Bats rencontre Jérémy Ferrari. Ce sera le début d’une longue collaboration et d’une grande amitié, les deux humoristes ayant le même goût pour l’humour noir et la provocation. Jérémy Ferrari le choisira pour faire les premières parties de sa tournée, puis produira, avec le magicien et humoriste Eric Antoine, ses spectacles et l’associera régulièrement à son émission « Les Duos impossibles de Jérémy Ferrari », sur Canal+.

« J’en avais marre qu’on rie de moi gratuitement, maintenant je fais payer »

Né Guillaume Batreau, à Reims, Guillaume Bats a été abandonné peu après sa naissance et placé à la Ddass. Après plusieurs familles d’accueil, il finit par trouver l’hospitalité chez une dame qui deviendra, résumait-il, « sa mère de cœur ».

« La cour du lycée a été ma première scène. Comme je le dis dans mon premier spectacle : j’en avais marre qu’on rie de moi gratuitement, maintenant je fais payer », racontait cet homme d’un mètre quarante, au corps déformé. Sur scène, il raconte sa vie, ses stratégies de séduction, ses recherches d’emploi, etc. Le stand-up devient son élément. Guillaume Bats parvient à transformer sa lucidité mordante en force comique. « Même Daech a essayé de me recruter : ils m’ont dit que je ferais un super kamikaze dans les endroits exigus », plaisantait-il.

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