L’Ukraine intensifie ses préparatifs en vue de la contre-offensive pour reprendre ses territoires occupés


Des soldats ukrainiens effectuent des exercices militaires à la frontière avec la Russie, le 5 juin. Handout / Latin America News Agency via Reuters Connect

Après des semaines de manœuvres visant à désorienter l’ennemi, le président ukrainien Zelensky a affirmé que son armée était prête à passer à l’attaque.

Après des semaines de rumeurs, d’attente et de manœuvres visant à désorienter l’ennemi, les préparatifs de la contre-offensive ukrainienne semblent s’intensifier. Lundi matin, le ministère russe de la Défense a annoncé avoir repoussé un assaut d’envergure sur cinq secteurs du front au sud-ouest de la ville de Donetsk. Selon le chef de la milice Wagner, Evgueni Prigojine, les troupes ukrainiennes auraient aussi tout récemment regagné du terrain aux lisières nord et sud-ouest de Bakhmout. Les autorités de Kiev confirment qu’elles ont engagé «des actions offensives», tout en en relativisant l’envergure. «Le secteur de Bakhmout reste l’épicentre des hostilités, a précisé lundi la vice-ministre de la Défense, Hanna Maliar. Nous y avançons sur un front assez large et nous remportons des succès.»

Ces opérations interviennent alors que les autorités ukrainiennes s’emploient à donner le tournis à leur adversaire. Le 27 mai dernier, le général Valeri Zaloujny, commandant en chef des forces armées, déclarait, sibyllin: «Le moment est venu de reprendre ce qui nous appartient.» Dans un entretien accordé ce week-end au Wall Street Journal, le président Volodymyr Zelensky a indiqué que son armée est prête à passer à l’attaque, avant de préciser: «Je ne sais pas combien de temps cela va prendre. Pour être honnête, ça peut se passer de plusieurs façons différentes.» Dimanche, le ministère de la Défense a diffusé une vidéo mettant en scène des soldats en tenue de combat, dans laquelle il appelle à ne pas ébruiter les détails de la contre-offensive à venir. «Les plans ont besoin de silence», exhortent les auteurs du message, avant de prévenir: «Nous n’annoncerons pas le commencement…»

À la frontière entre l’Ukraine et la Russie, deux groupes de combattants russes anti-Poutine ainsi qu’une unité composée de volontaires polonais ont amplifié leurs opérations de harcèlement contre la région de Belgorod. En fin de semaine dernière, des bombardements intensifs ont visé Chebekino, une ville russe d’environ 40.000 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière, endommageant de nombreux bâtiments, faisant au moins quatre morts et conduisant à l’évacuation de plusieurs milliers de civils. Dimanche, la légion Liberté de la Russie et le Corps des volontaires russes ont aussi conduit une incursion dans le village de Novaya Tavolzhanka. Images vidéo à l’appui, elles ont affirmé y avoir capturé une dizaine de soldats russes et se sont déclarées prêtes à négocier leur échange avec le gouverneur de la région.

Pokeur menteur

Ces deux unités, basées à Kiev, sont équipées par l’armée ukrainienne. Mais elles assurent conduire en toute autonomie leurs opérations sur le sol russe. Leur objectif déclaré est non seulement d’aider l’Ukraine à chasser l’armée russe de son territoire, mais aussi de renverser le régime de Vladimir Poutine. Il y a trois semaines, déjà, elles avaient mené un raid de 24 heures dans trois villages de la région de Belgorod avant de se replier sous le feu de l’armée russe.


data-script=”https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js”
>

Ces incursions limitées ont pour but affiché de semer le trouble au sein de la population civile, mais aussi de contraindre l’ennemi à rapatrier une partie des forces déployées en Ukraine pour garder sa frontière. «L’Ukraine gonfle ainsi artificiellement le kilométrage des zones de contact à surveiller, renforçant les logiques de dilemme imposé», note l’analyste militaire Joseph Henrotin, rédacteur en chef de la revue spécialisée DSI. «La réponse discordante à ces raids laisse penser que le pouvoir russe n’a pas encore décidé de la réponse à y apporter», estime pour sa part le centre de réflexion américain Institue for the Study of War, qui souligne leur effet déstabilisateur.

Difficile, dans cette partie de poker menteur, de savoir si les opérations de reconnaissances entreprises par l’armée ukrainienne constituent l’amorce de la contre-offensive – ou, simplement, la poursuite d’un laborieux travail de «modelage» visant à identifier les points faibles du dispositif adverse. «L’ennemi n’a pas atteint ses objectifs», s’est félicité le ministère russe de la Défense, qui a diffusé des images de blindés ukrainiens détruits. Moscou affirme que des pertes ont été infligées dimanche aux forces ukrainiennes près de Neskoutchné, dans la région de Donetsk, et de Novodarivka, près de celle de Zaporijjia.

De nouvelles «tentatives de percer les défenses russes» auraient aussi eu lieu lundi près de la localité de Novodonetské, non loin de Vouhledar. L’armée russe, de son côté, aurait regagné ces derniers jours un peu de terrain dans le nord du Donbass, près de Koupiansk.



Lien des sources