malgré la crise, le Nigeria est un pays incontournable pour les entreprises françaises


Deuxième économie du continent, derrière l’Afrique du Sud, c’est un marché en pleine expansion dans les secteurs de l’énergie, les infrastructures, les télécommunications et les services financiers.

« Le Nigeria est ouvert au business, rejoignez-nous ! » Sur la scène de conférence du Medef, ce vendredi, le ministre de l’Économie et des Finances du Nigeria, Wale Edun, enjoint les patrons français réunis devant lui à investir dans la « nouvelle dynamique » de son pays. Un plaidoyer qui a lieu au lendemain de la visite du président Bola Tinubu, à Paris, une première depuis 24 ans. Le forum économique, qui rassemble 180 entrepreneurs des deux pays, se veut un espace d’échanges et plus si affinités.

« J’aimerais rencontrer des dirigeants pour codévelopper mon activité en Afrique », témoigne Paul Bertholomieu, cofondateur de MyJouleBox. La start-up française, créée en 2016 avec le Béninois Leonide Michael Sinsin, vend des systèmes solaires essentiellement en Afrique de l’ouest. « On a déjà collaboré avec Danone en Côte d’Ivoire. On fournissait des solutions aux agriculteurs et j’aimerais faire la même chose au Nigeria. » Le potentiel est énorme dans ce pays de 280 millions d’habitants – une population qui pourrait atteindre 410 millions en 2050. 

Un partenaire incontournable

Le Nigeria et la France vont renforcer leur coopération économique, se sont promis jeudi leurs présidents respectifs. Le séjour de Bola Tinubu a été marqué par trois déclarations d’intention ou de partenariat, et par l’annonce de l’implantation imminente d’une cinquième banque nigériane en France, la United Bank of Africa. Pour Paris, ce rapprochement avec un pays anglophone majeur comme le Nigeria, illustre une volonté de s’adresser à l’ensemble du continent africain, au-delà de son ancien pré carré colonial. Ces dernières années, l’influence tricolore en Afrique de l’ouest et centrale a fait l’objet de vives contestations par les populations locales et les gouvernements. Avec des investissements français dépassant les 10 milliards de dollars en 2023, le Nigeria est déjà un partenaire incontournable. « Pourtant, nous n’avons pas encore exploité tout le potentiel », a souligné Jumoke Oduwole, ministre nigériane de l’Industrie et du Commerce. 

En 2023, les échanges bilatéraux s’élevaient à 4,5 milliards d’euros, et plus de 100 entreprises françaises y sont implantées, employant 10.000 personnes. Le Nigeria, deuxième économie du continent, derrière l’Afrique du Sud, est un marché en pleine expansion dans les secteurs de l’énergie, les infrastructures, les télécommunications et les services financiers, malgré une crise économique et sociale d’ampleur.

L’objectif du forum est aussi de rassurer les patrons sur cette période très délicate. Les réformes du président Bola Tinubu, qui s’est surtout attaqué aux subventions sur l’énergie, ont entraîné une forte inflation. Une thérapie de choc qui a attisé la colère sociale, provoquant des manifestations d’ampleur. « C’est une période charnière, concède le président du conseil d’Affaires France – Nigeria, Aigboje Aig-Imoukhuede, interrogé. Ces réformes économiques étaient nécessaires pour éviter des dégâts encore plus importants à l’économie. Nous sommes confiants : l’inflation pourra être ramenée à 12-15 % d’ici deux ans (contre 34 % actuellement, NDLR) », espère-t-il. C’est le moment idéal d’investir car les retours sur investissement seront amplifiés à mesure que l’inflation diminue. »

Hub technologique majeur

Premier producteur d’hydrocarbures d’Afrique, le Nigeria se tourne aussi vers les énergies renouvelables. TotalEnergies a récemment investi six milliards de dollars dans des projets gaziers et d’énergie verte. La France peut aussi aider le Nigeria à renforcer ses chaînes de valeur agricoles, comme l’a souligné la ministre Jumoke Oduwole. 

Lors d’une table ronde, le directeur du marché de Rungis, Thierry Febvay a proposé d’exporter son modèle au Nigeria. « Dans un pays en croissance démographique comme celui-ci, le défi est d’assurer à tous un accès à des aliments frais et abordables. Cela passe par des infrastructures solides pour qu’ils soient transportés de manière rapide et sécurisée, depuis les zones de production jusqu’aux zones urbaines. C’est exactement ce que nous faisons à Rungis.  » Le marché emblématique, aussi grand qu’une ville, approvisionne chaque jour plus de 18 millions de consommateurs. 

Le Nigeria est aussi un hub technologique majeur. Lagos, capitale économique surnommée la « Silicon Valley de l’Afrique », abrite des startups comme Flutterwave (fintech) ou Andela (ressources humaines), qui ont attiré des investissements internationaux massifs. Le pays compte plusieurs licornes, telles qu’Interswitch et Opay. « C’est un pays d’innovation», appuie Stéphane Gaudechon, en charge du département Afrique au Medef et vice-président du cabinet d’audit Bureau Veritas. Orange y a d’ailleurs testé son offre de mobile banking, désormais pilier de son activité sur le continent. 



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