Marché du cycle en France, un marché aux abois ?


2022, un marché en croissance grâce au vélo à assistance électrique

Jérôme Valentin, vice-président de l’USC, nous le confirmait ainsi début avril : « Le VAE performe avec +12 % de en volume d’une année sur l’autre, 738 000 unités vendues. Ces vélos représentent 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2022 ». Ajoutant également : « le prix moyen des vélos a progressé de 613 € en 10 ans, pour atteindre en 2022, 916 € ». Au cours de la présentation, toujours Jérôme Valentin évoquait pudiquement ce point : « actuellement, la demande est stable, c’est une baisse de la croissance ». Il invitait son audience avec ses mots « Messieurs, allez acheter vos vélos ».

En 2023, les vélos ne sortent pas

Tout le monde a du stock. À Taïwan, pendant le Taipei Bike Show qui se tenait fin mars, l’ensemble des interlocuteurs rencontrés tentaient de faire bonne figure. Ils reconnaissaient, malgré tout que l’enjeu majeur était bien de faire sortir les stocks actuels. Courant avril, nous discutions avec le directeur marketing (qui préfère rester anonyme) d’un fabricant de vélos à assistance électrique, à la question : « Comment vont les affaires ? », il nous répondait : « heureusement que nous avons des financiers derrière nous. Nous avons du stock, à ne plus quoi savoir en faire, comme tous les autres nous commençons à mettre en place des baisses de prix ».

Presque le même son de cloche, chez les vélocistes. Marc, responsable du magasin Cyclable Quai de Jemmapes nous tient ses propos : « C’est très calme. À Paris, nous avons eu une embellie en septembre / octobre 2022 avec le stationnement devenu payant pour les deux-roues motorisés. Depuis le début de l’année 2023, les vélos qui sortent bien sont les vélos classiques (pas électrique donc) de moyenne gamme, l’électrique ? C’est compliqué. Tout comme les accessoires ».

Des baisses de prix pas toujours répercutées

Les fabricants rechignent à proposer des baisses de prix sur le prix d’achat à leurs distributeurs sur leurs vélos. Évidemment, au-delà de dégrader la marge, une guerre des prix d’un magasin à l’autre n’est pas souhaitable pour l’industrie. Notre directeur marketing nous le confirme avec ces mots : « de toute façon, toute la chaîne de valeur souffre. Nous laissons nos revendeurs répercuter ou pas l’application de la baisse de leur prix de vente au consommateur (ils sont de toute façon contraints par la loi, le prix de vente public ne peut qu’être conseillé). Certains revendeurs font le choix d’augmenter leur marge. D’autres répercutent la baisse de prix pour partie ou entièrement ».

Les pièces et accessoires aussi en souffrance

Greg, propriétaire de Quai des Cycles le constate : « avant, avec un vélo nous vendions facilement des accessoires, casques, cadenas, vêtements de pluie. Aujourd’hui avec l’inflation et les difficultés économiques, la plupart des vélos que nous vendons partent sans accessoire ». Puis les clients s’équipent par ailleurs, souvent sur le web. « Difficile pour nous de lutter sur le prix avec les enseignes de vente en ligne. Certains prix affichés sont notre prix d’achat. Aujourd’hui 10 ou 20 € de différence sur un casque ou un cadenas, ça change tout ».

Les pièces et accessoires aussi en souffrance. (D.R)

Les pièces et accessoires aussi en souffrance. (D.R)

Au-delà du réseau de distribution, « les consommateurs sont équipés aujourd’hui. Après une certaine boulimie d’équipements d’outdoor en sortie de confinements successifs, les consommateurs arbitrent leurs dépenses. Ils veulent voyager, être dehors. L’arbitrage de leurs dépenses n’est plus à l’équipement, » analyse Rémi Clermont, le cofondateur de la marque Café du Cycliste. D’ailleurs, une marque comme Rapha, qui sort tout juste sa collection été, propose déjà des remises de 20 %. C’est un signe qui ne trompe pas.

Le plan vélo, un effet rebond

Le Gouvernement vient d’annoncer début mai, un plan vélo à 2 milliards d’euros. Avec une refonte des subventions sur l’achat des vélos, sur certains accessoires liés à la sécurité. Les annonces portent sur l’ensemble des machines. Musculaires et électriques. Classiques ou cargos. Les vélos d’occasions (vendus par des professionnels) bénéficieront aussi d’un accompagnement subventionné. Les entreprises souhaitant proposer des vélos de fonction à leurs salariés vont également bénéficier de nouveaux abattements fiscaux.

L’effet rebond que l’on peut redouter de ses annonces ? Des consommateurs qui vont attendre d’avoir une vision claire, annoncée pour septembre, de l’ensemble des dispositifs et subventions dont ils pourront bénéficier avant de se décider. En attendant, ils vont planifier leurs vacances et les professionnels n’ont plus qu’à faire le dos rond.



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