Miguel Diaz-Canel réélu à la tête de Cuba, un pays en perdition



Le score est stalinien : 97,66 % des voix des 470 membres d’une Assemblée nationale où l’opposition n’a pas le droit de cité. À 62 ans, Miguel Diaz-Canel a été réélu sans grande surprise à la présidence de Cuba, île qui traverse la pire crise économique depuis trente ans.

Cet ingénieur en électronique de formation, qui tient par ailleurs les rênes du Parti communiste cubain (PCC) depuis 2021, offre peu de différences avec ses successeurs, Fidel puis Raul Castro aux commandes depuis la révolution cubaine en 1959. Hormis qu’il est le premier civil à diriger le pays.

Le président a savouré sa victoire dans une multiplication de promesses, à commencer par celles de « résoudre les problèmes d’inefficacité » dans le pays, et d’« augmenter l’offre de biens et de services et de contrôler l’inflation ». Il entend également lever les freins à l’avancée du pays qu’il attribue au « bureaucratisme, à l’indifférence et à la corruption inacceptable ».

L’arsenal de mesures qu’il a mises en place jusque-là pour enrayer la crise, n’a pas porté ses fruits. Ni ses efforts pour développer le travail indépendant, ni l’autorisation des PME, n’ont suffi à enrayer la situation. Quant à la vaste réforme monétaire qui mit fin en 2021 au taux d’un dollar pour un peso cubain, étalon instauré depuis des décennies, elle a engendré une spirale inflationniste et une forte dévaluation de la monnaie locale. En deux ans, le dollar est passé de 24 à 120 pesos.

Rien de tout cela n’a permis d’alléger l’effet cumulatif du renforcement de l’embargo américain en place depuis 1962, et des conséquences de la pandémie de Covid-19, et ce, malgré le retour des touristes en janvier dernier. Tout continue de manquer : nourriture, médicaments, carburant.

L’émigration s’est emballée. Les États-Unis ont recensé plus de 300 000 arrivées de Cubains à la frontière mexicaine en 2022, sans compter les entrées illégales par la mer. En tout, plus de 500 000 Cubains auraient fui le pays en 2022.

En juillet 2021, en réponse aux manifestations contre les conditions de vie – les plus importantes depuis la révolution –, Miguel Diaz-Canel fit le choix de la répression policière. Il y eut un mort, des dizaines de blessés et 1 300 arrestations dont 500 personnes condamnées à des peines allant jusqu’à vingt-cinq ans de prison, selon l’organisation de défense des droits de l’homme Cubalex, basée à Miami.

À l’international, La Havane reste allié à Moscou. Après avoir fait preuve de prudence vis-à-vis du Kremlin dans les semaines qui ont suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine, les relations économiques se sont réchauffées. Début mars, Miguel Diaz-Canel a reçu le patron de l’entreprise publique russe pétrolière Rosneft, après avoir lui-même fait le déplacement en Russie en novembre 2022 pour signer des accords d’approvisionnement en hydrocarbures. À cette occasion, il avait dévoilé une statue de Fidel Castro à Moscou.

Le bal diplomatique entre les deux pays se poursuit. Jeudi 20 avril, en qualité de président réélu, il recevra la toute première visite officielle du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui achève à Cuba une tournée diplomatique en Amérique latine.



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