Néonicotinoïdes “tueurs d’abeilles” : on vous explique pourquoi la France et l’UE s’opposent

La France dans l’embarras ?
À travers un communiqué, le ministère de l’Agriculture a indiqué que le gouvernement allait “expertiser les conséquences juridiques de cette décision en droit français et les conséquences pour la campagne de production qui s’ouvre”, faisant ici référence de manière explicite à la culture de la betterave, à laquelle l’usage des néonicotinoïdes était retreint. Le Monde, qui cite des sources proches du dossier, glisse que “l’arrêté de réautorisation” de ces produits pour une troisième année de suite pourrait malgré tout être signé, alors même qu’il est “illégal au regard du droit européen”. Un passage en force qui entraînerait alors à coup sûr une saisine du Conseil d’État dans la foulée.
Des agriculteurs très remontés
Sans surprise, la position de la CJUE a été accueillie avec craintes et colère dans le camp des producteurs. La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) indique qu’elle “s’insurge” de la “brutalité d’une telle décision”. Cette dernière est accusée de faire courir le risque “d’entraîner des conséquences désastreuses et irréversibles dans nos territoires ruraux”. Même son de cloche au sein de la FNSEA, pour qui l’UE place “20.000 betteraviers et toute une filière devant le risque d’une impasse”. Dès lors, ajoute la fédération, “il y a urgence à trouver des solutions”. Une inquiétude qui tranche avec l’enthousiasme d’associations écologistes, ravies de voir la France ainsi rappelée à ses obligations légales.
Du côté du gouvernement, on fait savoir que le ministère de l’Agriculture s’est engagé “depuis deux ans dans un programme de sortie de néonicotinoïdes sur les semences de betterave”, ainsi que dans des “recherches d’alternatives”. Un vaste plan national de recherche et d’innovation (PNRI) a par ailleurs été déployé, censé offrir des “solutions alternatives aux néonicotinoïdes […] techniquement et économiquement viables à l’horizon de 2024″.