Où situer la performance d’Armand Duplantis sur 100 m ?

Très haut, très vite, Armand Duplantis est capable de tout. Le Suédois l’a encore prouvé mercredi, en dominant le Norvégien Karsten Warholm, recordman du monde du 400 m haies, lors d’un 100 m d’exhibition à Zurich, en Suisse. Outre l’affrontement, né d’une plaisanterie entre ces deux mastodontes de l’athlétisme mondial, le chrono du champion olympique et recordman du monde du saut à la perche retient l’attention. L’athlète de 28 ans a signé un temps de 10”37 (0,1 m/s), un dixième de mieux que son soir (10”47). Dans une autre vie, cette marque lui aurait valu une belle moisson de titres et de records.

Sur le podium olympique de 1896 à 1956

En réalité, Armand Duplantis aurait même obtenu le titre sur chaque édition des Jeux, d’Athènes en 1896 à Melbourne en 1956. Or, les trois médaillés d’or de Los Angeles, Berlin et Londres (1932, 1936 et 1948) ont tous été sacrés avec un temps de 10”3, les centièmes n’ayant pas été calculés. Mais la statistique peut vite perdre en crédibilité si l’on prend en compte la modernisation de la discipline ou les conditions de vent.

Bien plus rapide que son mentor

Fort d’un petit gabarit, la vitesse était aussi l’atout du perchiste Renaud Lavillenie, véritable mentor pour Armand Duplantis. La meilleure performance officielle du Français sur 100 m, répertoriée par la Fédération internationale d’athlétisme, remonte à 2011, quatorze mois précédant son titre olympique à Londres, et trois ans avant son record du monde (6,16 m). Le triple champion d’Europe avait couvert la distance en 11’04 à Bondoufle (Essonne).

L’extraterrestre de la perche a montré son aisance dans la discipline reine de l’athlétisme. Si l’on force un peu l’imagination, et s’il venait un jour l’envie à Armand Duplantis de s’essayer au décathlon, le natif de Lafayette, en Louisiane, pourrait se targuer d’un beau bilan en seulement deux épreuves. Avec ses 10’37 et ses 6,26 m à la perche (son récent record du monde à Chorzow en Pologne le 25 août dernier), « Mondo » cumulerait 2 324 points. Mais ce score, impressionnant, ne considère pas l’enchaînement des disciplines qui pèse lourd sur les organismes, en sachant que le saut à la perche est la huitième épreuve du décathlon.

Pas de finale aux Championnats de France

À l’échelle du monde, le perchiste est encore bien loin des tout meilleurs. Son chrono ne lui aurait pas permis d’intégrer la finale des Jeux Olympiques de Paris, remportée par l’Américain Noah Lyles (9”79). Le Jamaïquain Oblique Seville avait signé le dernier temps en 9”91. « Mondo » n’aurait pas non plus disputé la finale des Championnats de France, particulièrement relevée cette année, où le dernier qualifié au temps, William Aguessy, s’était qualifié en 10”29. Son temps, bien que non officiel, était toutefois suffisant pour faire de lui le quatrième meilleur performeur suédois de l’année !