Pâques. Le combat de Dieu ?



Comme s’il n’y avait pas assez de lignes de tension, voilà une polémique de plus. Un livre qui dit que cet homme n’a pas existé. Un autre qui dit au contraire que sa vie terrestre est irréfutable. Jésus s’est invité dans le débat. Pâques, la plus importante des fêtes chrétiennes, nous donne l’occasion de clarifier les positions et d’affronter cette complexité : d’un côté, la connaissance de sa vie n’est pas réservée à ceux qui ont la foi ; on peut la connaître à hauteur d’homme. Et d’un autre côté, elle ne peut être entièrement saisie par l’accumulation des seuls faits historiques qui la concernent. Au moment de Pâques, la tension entre les deux est maximale.

Le croyant voit dans Pâques le tournant de l’histoire des hommes. Jésus apporte une nouveauté radicale. Il annonce que Dieu ne combattra pas contre l’homme et que son amour sera riche et débordant en pardon. Tout acte humain sera objet de sa miséricorde de manière à ce que la vie passe envers et contre tout, en particulier le péché. Avec lui, celui à qui sera accordée la victoire ne sera pas le plus fort mais le plus humble. C’est cela la victoire de la croix.

Mais le croyant a aussi à faire face au réel où ce tournant-là ne se donne pas à voir. Ce qu’il voit à longueur de journée, c’est plutôt le tournant de la guerre quand une bataille gagnée ou perdue dessine une autre issue à un interminable conflit. L’actualité en regorge : Ukraine, Gaza, Haïti, l’Ethiopie oubliée et dans nos cités la lutte contre les trafics. La réalité résiste à la foi. Comment articuler les deux ?

Peut-être peut-on dire dans une première approximation que Pâques est le sommet de notre montagne. Nous marchons, profitant pas à pas d’un paysage plus beau et d’un air plus pur, mais en endurant un peu plus la fatigue, en faisant l’expérience, chaque jour, qu’il faut s’accrocher. Au sommet, c’est-à-dire à la lumière de Pâques, les choses sont différentes. Ce n’est plus la loi de l’effort ou de la rivalité mais celle du service qui est magnifiée par le geste du lavement des pieds accompli par Jésus. Dieu est présenté non comme le puissant maître de l’histoire des hommes mais comme une nourriture essentielle, sans laquelle la vie humaine est carencée. On y voit que le plus grand prix de la vie est atteint par une existence donnée sans retenue. Cela bien sûr ne change pas le cours des jours, mais les inscrit dans une perspective plus large où l’espérance d’une vie accomplie est possible. Y goûter se fait après un combat intérieur et sans arme où Jésus est choisi comme modèle de vie. Bonnes fêtes de Pâques.



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