père indigne et fils courage



À première vue, le titre, avec son énorme faute de grammaire (Heureusement qu’on s’a), peut sembler curieux. On comprend ce choix à mi-chemin du téléfilm : cette formule maladroite est l’une des répliques les plus émouvantes. Elle est chuchotée par une fillette d’à peine 7 ans, blottie dans son lit aux côtés de ses deux frères de 10 et 13 ans. Il fait nuit, les trois enfants sont seuls dans la maison, livrés à eux-mêmes depuis des jours. Leur mère hospitalisée pour dépression et leur père toujours par monts et par vaux, ils se serrent les coudes et se consolent comme ils peuvent.

À travers ce film, la réalisatrice et scénariste Anne Giafferi, à qui l’on doit notamment les deux premières saisons de Fais pas ci, fais pas ça et La Vie à l’envers (sur la maladie d’Alzheimer), dénonce un fléau méconnu : la maltraitance « ordinaire », « qui ne se voit pas », infligée par des parents défaillants. Le personnage du père, Franck, ne lève jamais la main sur ses enfants, ni n’abuse d’eux sexuellement, mais ce chômeur velléitaire et égoïste n’hésite pas à user de chantage affectif et se sert de l’admiration de son fils pour le manipuler et se décharger de ses responsabilités.

Justesse des interprètes

Fier d’être considéré comme un grand, le tout jeune adolescent cherche à se montrer à la hauteur. Sans broncher, il assume les courses, la préparation des repas, le changement des draps après un pipi au lit, le câlin qui rassure… Une charge mentale d’autant plus lourde à porter qu’il doit en garder le secret, notamment auprès du voisinage.

Malgré un scénario trop didactique et prévisible, le téléfilm parvient à émouvoir grâce à la sobriété de sa réalisation et à la justesse de ses interprètes. Nina de Tonquedec, Eliott Furic et Oscar Pauleau forment une fratrie à la complicité évidente. Fred Testot campe un père indigne convaincant, et on se réjouit de retrouver Zinedine Soualem, touchant dans le rôle du voisin bienveillant mais maladroit.



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