pour Agnès Pannier-Runacher, « la transformation à engager est d’une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle »


Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique, dans son bureau, à Paris, le 20 novembre 2023.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, met en consultation la stratégie française pour l’énergie et le climat. Ce document de quatre-vingt-cinq pages, présenté mercredi 22 novembre, doit déboucher, en 2024, sur une première loi de programmation. Une loi structurante, dont découleront les troisièmes éditions de la programmation pluriannuelle de l’énergie et de la stratégie nationale bas carbone.

Le gouvernement promet de faire de la France la première nation industrielle à sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Qu’est-ce que cela implique ?

Aujourd’hui, notre pays consomme environ 60 % d’énergies fossiles [pétrole, gaz et résiduellement charbon] dans son mix énergétique. Il faudra ramener le pourcentage autour de 40 % en 2030 et 30 % en 2035. C’est un rythme de diminution très fort, étayé par la réalité des usages. A partir de 2035, la vente de voitures thermiques neuves sera interdite en Europe et la consommation de carburants baissera drastiquement. De même, il n’y aura quasiment plus de chaudières au fioul.

Plus largement, la transformation à engager dans les trois prochaines décennies est d’une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle. Le système énergétique doit être reconstruit et changer de philosophie : il est jusqu’à présent très centralisé, autour de quelques centaines de sites de production et de quelques grandes entreprises qui le pilotent. A l’avenir, des dizaines de milliers de sites seront à la fois producteurs et consommateurs.

A l’horizon 2050, la France prévoit aussi de réduire d’au moins 40 % sa consommation d’énergie. Là encore, qu’est-ce que cela signifie ?

Dans son ensemble, le pays a réussi à baisser sa consommation de gaz et d’électricité de 12 % cette année et cela n’a pas changé fondamentalement nos vies ni celle des entreprises. C’est une première marche. Plus largement, je veux centrer le message politique en matière de sobriété sur les bénéfices que les Français vont pouvoir en retirer, plutôt que sur la planète.

Passer d’une voiture thermique à une voiture électrique, c’est permettre des économies de carburant massives. C’est aussi diminuer drastiquement la pollution de l’air, avec un effet sur la bronchiolite du petit dernier ou l’asthme du cadet, voire sur les décès précoces de parents. Ce sont des choses que les gens comprennent très bien. A charge pour le gouvernement de faire en sorte que l’écologie ne soit pas un produit de luxe.

Nous avons aussi demandé aux gros acteurs et aux grandes entreprises de faire leur part. Par exemple, seulement 6 % des bâtiments sont équipés d’un système de gestion technique du bâtiment (GTB), qui apporte d’importants gains énergétiques. Je parle de ministères, d’entrepôts, de tours de la Défense.

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