Pour décarboner l’Europe, la sobriété au centre d’un nouveau scénario de transition énergétique


Un parc éolien à Woincourt (Somme), le 5 avril 2017.

Inverser la tendance pour faire en sorte que la sobriété soit le point de départ, et non la variable d’ajustement, des politiques climatiques. Tel est l’objectif de l’association française négaWatt et de ses partenaires, qui ont présenté, lundi 5 juin depuis Bruxelles, un nouveau scénario de transition énergétique européen. Grâce à la sobriété, mais aussi à l’efficacité et aux renouvelables, cette trajectoire, baptisée Clever (« A Collaborative Low Energy Vision for the European Region »), entend proposer une voie pour décarboner l’Europe tout en répondant aux exigences en matière de sécurité d’approvisionnement et de soutenabilité du système (consommation des ressources, protection de la biodiversité…).

Pour y parvenir, négaWatt et ses vingt-six partenaires (universités, think tanks, centres de recherche, ONG…) de vingt et un pays européens placent au centre de leur modélisation la question de la demande. « Historiquement, les politiques pour le climat se sont concentrées sur l’offre, rappelle Stephane Bourgeois, responsable des politiques européennes à négaWatt. Peu à peu, on a essayé de pousser pour que l’efficacité énergétique soit prise en compte. Aujourd’hui, pour que l’Union européenne [UE] atteigne ses objectifs, il est temps d’ajouter un levier et que la sobriété passe au premier plan. »

Jusqu’à présent, les progrès en matière d’efficacité ont été en grande partie annulés par l’absence d’efforts de sobriété : les voitures consomment par exemple moins de carburant, mais sont aussi toujours plus grosses, plus lourdes et parcourent plus de kilomètres. Or, au cours des vingt prochaines années, l’UE va devoir faire deux fois plus pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre que ce qu’elle a réalisé lors des trente dernières années. La crise énergétique inédite de l’hiver a aussi mis au centre de l’attention le sujet de la sobriété, faisant chuter la consommation de gaz (– 17,7 % entre août 2022 et mars 2023, selon Eurostat) et d’électricité au sein de l’UE.

Baisse de la consommation de 55 %

Après quatre années de travaux et en se fondant sur une trentaine de scénarios nationaux, les auteurs du rapport publié lundi estiment possible de viser une baisse de la consommation d’énergie finale de l’UE de 50 % à 55 % en 2050, par rapport à 2019 – en France, la stratégie nationale bas carbone prévoit déjà une diminution de 40 % de la consommation d’énergie en trente ans. Les efforts de sobriété contribueraient à hauteur de 20 % à 30 % à cette baisse, le reste étant lié à l’efficacité. Les secteurs du bâtiment, des transports et de l’industrie seraient les principaux concernés.

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