Pour éviter la banqueroute, les Etats-Unis parviennent à un accord de principe



A quelques jours de la date butoir du 5 juin qui aurait pu signer leur banqueroute, les Etats-Unis ont conclu sur le fil un accord de principe sur le relèvement du plafond de la dette.

Éviter un défaut de paiement des Etats-Unis à tout prix: c’est sur ce principe que se sont finalement retrouvés le président américain Joe Biden et le chef des Républicains Kevin McCarthy, qui ont statué samedi 27 mai sur un “accord de principe”. Ce processus n’aurait pourtant dû être qu’une formalité si les oppositions n’avaient pas été aussi vivaces dans le pays.

Reste encore une étape: la validation de ce compromis par le Congrès, et cela avant le 5 juin, date théorique à laquelle le pays se retrouvera en défaut de paiement. La Chambre des représentants, sur laquelle les conservateurs ont une fragile majorité, votera mercredi, puis viendra le Sénat, contrôlé de peu par les démocrates.

“Cet accord est un compromis, ce qui veut dire que chacun n’obtient pas tout ce qu’il veut”, a réagi Joe Biden, assurant que le texte “réduit les dépenses tout en protégeant des programmes publics essentiels”.

Le président démocrate a estimé que l’accord avec les conservateurs était “une bonne nouvelle, parce qu’il évite ce qui aurait été un défaut (de paiement) catastrophique”.

Le patron des Républicains Kevin McCarthy a estimé de son côté dans une courte allocution que le compromis budgétaire trouvé, dont il n’a pas livré le détail, était “tout à fait digne du peuple américain”. Le dirigeant conservateur s’est seulement félicité des “réductions historiques” de la dépense publique que l’accord prévoit selon lui, ce qui était la revendication principale des républicains.

Plafond d’endettement public relevé pendant deux ans

Selon une source qui a eu connaissance des négociations, l’accord trouvé entre l’exécutif et l’opposition relève pendant deux ans, donc jusqu’après l’élection présidentielle de 2024, le plafond d’endettement public des Etats-Unis.

Il n’y a pas les importantes réductions souhaitées par les républicains, même si les dépenses non liées à la défense resteront pratiquement inchangées l’année prochaine et n’augmenteront que nominalement en 2025, a-t-on précisé de même source.

De nouvelles règles s’appliqueront aussi à l’accès à certains programmes d’aide fédéraux, mais la source a précisé que l’accord protégeait la loi sur la réduction de l’inflation et le plan d’allègement de la dette étudiante, signés par M. Biden.

Sans relèvement de cette limite, la première puissance mondiale risquait de se trouver en défaut de paiement le 5 juin, incapable d’honorer ses engagements financiers: salaires, retraites ou remboursements à ses créanciers. Comme toutes les grandes économies ou presque, les Etats-Unis vivent à crédit. Mais contrairement aux autres pays développés, l’Amérique bute régulièrement sur une contrainte juridique: le plafond de la dette, le montant maximal d’endettement des Etats-Unis, qui doit être formellement relevé par le Congrès.

Cette procédure législative fait normalellement partie de la routine; mais les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants depuis janvier, en ont fait un instrument de pression politique. Refusant de faire un prétendu “chèque en blanc” au président démocrate, ils ont conditionné tout relèvement de ce plafond, actuellement fixé à 31.400 milliards de dollars, à des coupes budgétaires. Joe Biden, candidat à sa réélection, a longtemps refusé de venir à la table des négociations, accusant l’opposition de prendre l’économie américaine en “otage” en exigeant de telles coupes.

“Sous surveillance”

Après plusieurs réunions à la Maison Blanche entre les deux hommes, les équipes du président et du “speaker” républicain se sont finalement attelées à des séances de négociations interminables – toutes abondamment commentées par le tout Washington.

L’accord de principe trouvé samedi soir donne un peu d’air aux marchés financiers, qui n’ont jamais réellement paniqué mais que cette paralysie commençait à impatienter. Il est de fait très courant que des compromis de dernière minute soient conclus sur ce type de dossier. L’agence de notation Fitch avait placé jeudi “sous surveillance” la note AAA des Etats-Unis, estimant que l’échec à trouver un accord “constituerait un signe négatif en matière de gouvernance”.

L’économie mondiale, déjà en proie à une “forte incertitude”, aurait pu “se passer” de ces tractations tendues, avait aussi critiqué la directrice du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva.

Certains progressistes au sein du parti démocrate, tout comme des élus du parti républicain, ont menacé de ne pas ratifier, ou de retarder au maximum un texte qui ferait trop de concessions au camp adverse. Des élus républicains à la Chambre des représentants, à majorité républicaine, ont déjà annoncé leur opposition au texte, comme Lauren Boebert, qui a tweeté que d’après elle, “nos électeurs méritent mieux que ça, vous pouvez me compter comme un NON à l’accord”.



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