pourquoi la proposition de loi de Liot aura du mal à passer



La lutte contre la réforme des retraites va bientôt reprendre à l’Assemblée avec la proposition de loi du groupe Liot. Le texte a été déposé le 20 avril et il va être cosigné par l’ensemble des députés de la Nupes.

Les 147 députés de gauche apposent leur signatures à côté de celle de Bertrand Pancher, le coprésident du petit groupe indépendant Liot, et de 16 autres membres de ce groupe.

Cette proposition de loi, dont le texte est désormais consultable en ligne, vise à repasser l’âge légal du départ à la retraite à 62 ans, et non 64. Elle propose aussi l’ouverture d’une grande convention sociale. “On voit ça comme une porte de sortie pour le gouvernement”, assure le groupe Libertés-indépendants. Les signataires de la proposition de loi pensent que “ça peut passer”. “On pense qu’on peut gagner, en tout cas on l’espère”, nuance un membre du groupe Liot.

Pour y voir plus clair, il faut sortir la calculatrice : 147 voix chez les députés de la Nupes, 87 au groupe RN (qui compte a a priori suivre le mouvement), au moins 17 voix du groupe Liot, ainsi que la voix de la socialiste Martine Froger chez les non-inscrits, cela ne fait pas assez : il manque 35 voix pour une majorité.

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Quid des Républicains ?

De nouveau, tous les regards se tournent vers le groupe pivot, Les Républicains. Il y a de fortes chances que les 19 élus qui ont voté la motion de censure il y a un mois se joignent à ce nouveau texte : “Bien sûr que je voterai, je reste opposé aux 64 ans”, répond l’un d’eux, tandis qu’un autre est plus prudent : “Je vais d’abord lire le texte avec attention, mais je pense le voter”. Un cadre du groupe de droite se demande en revanche si les 19 élus seront aussi motivés en juin qu’au mois de mars : “Je pense que le moment des retraites est passé dans les têtes, il est difficile de prévoir le nombre de votants mais je ne vois pas un nombre suffisant de LR voter” cette nouvelle proposition de loi.

En conclusion, le scrutin se jouera sans doute à une quinzaine de voix près. Il suffit finalement d’une trentaine d’abstentions ou de députés absents pour faire basculer le vote.

Y aura-t-il vraiment un vote ?

Oui, si les députés arrivent à examiner le texte et l’ensemble des amendements entre 9h et minuit le 8 juin. Minuit, c’est l’heure couperet pour un jour de niche accordé à l’opposition..

Mais la Macronie a la possibilité de faire durer les débats, en déposant de multiples amendements. “S’il y a sabotage et qu’on nous empêche de voter à nouveau sur ‘l’âge légal, ça peut énerver du monde”, anticipe une source au groupe Liot. Eric Coquerel, député de La France insoumise prévient déjà que s’il y avait obstruction, il déclenchera une “motion de censure spontanée”, et il espère bien qu’elle sera de nouveau porté par le groupe de Bertrand Pancher.

Mais même si le texte obtient une majorité à l’Assemblée nationale, il devra ensuite être voté au Sénat où il est quasiment impossible que cette proposition obtienne une majorité. Un député LR alerte : “Il ne faut pas tromper nos concitoyens, c’est peu probable que le processus aboutisse.”

Devant tant d’agitation, le groupe RN indique qu’il envisage de déposer sa propre proposition de loi pour instaurer la réforme prônée par Marine Le Pen, un âge légal entre 60 et 62 ans. On n’a pas fini d’entendre parler des retraites.





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