Pourquoi le cas de Paul Watson embarrasse le Danemark


Une manifestation de soutien au militant américano-canadien Paul Watson à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 16 novembre 2024.

Voilà plus de cinq mois que le fondateur de l’ONG Sea Sheperd, Paul Watson, est incarcéré à la prison de Nuuk, la capitale du Groenland. Cinq mois que le défenseur des baleines américano-canadien, âgé de 73 ans, attend d’être fixé sur son sort : va-t-il être extradé vers le Japon, où il encourt jusqu’à quinze ans de prison, pour avoir participé à une opération anti-chasse contre un baleinier japonais, dans les eaux antarctiques en 2010, causant « des dommages et des blessures », selon le mandat d’arrêt international émis par Tokyo à son encontre en 2012 ; ou bien sera-t-il autorisé à rejoindre sa femme et leurs deux enfants, en France, où il compte demander l’asile politique ?

Le Danemark semble hésiter à trancher, tiraillé entre les requêtes du Japon et de la France – le 23 juillet, l’Elysée a fait savoir que le président Emmanuel Macron suivait « la situation de près » et était « intervenu auprès des autorités danoises » pour éviter l’extradition de M. Watson. Il est aussi placé sous la pression des ONG environnementales, ainsi que celle de ses territoires autonomes, les îles Féroé, en particulier, qui chassent la baleine et n’apprécient guère les activités de Sea Sheperd. A Copenhague, le ministre de la justice, Peter Hummelgaard (social-démocrate), n’a toujours pas dit quand il comptait rendre sa décision.

En attendant, Paul Watson est de nouveau convoqué devant le tribunal du Groenland le 2 décembre, qui doit statuer sur son maintien en détention provisoire. Il s’agit de la sixième audience, depuis son interpellation, le 21 juillet, dans le port de Nuuk, où son bateau, le John-Paul-DeJoria, était venu faire le plein, avant de mettre le cap sur le Pacifique Nord, pour une nouvelle opération contre un baleinier japonais.

Examiner dans le détail les faits

Le 13 novembre, le juge chargé de l’affaire a exhorté le ministre de la justice à prendre une décision rapidement. Les défenseurs de l’activiste ont fait appel auprès de la Cour suprême du Danemark : ils estiment que sa période de détention provisoire n’aurait pas dû excéder deux ou trois mois, « ce qui est la peine maximale qu’encoure Paul Watson au Groenland, s’il était condamné pour une agression », estime l’avocat Jonas Christoffersen.

Que la décision du ministre de la justice se fasse attendre n’étonne pas M. Christoffersen, cependant. « C’est dû à la nature même de la procédure, qui est strictement légale. Même si le ministre de la justice prend la décision, celle-ci doit être gouvernée par la loi sur l’extradition, sachant qu’elle pourra ensuite être contestée en justice », explique-t-il. Avant de faire leur recommandation, les fonctionnaires du ministère doivent examiner dans le détail les faits qui sont reprochés à M. Watson et évaluer s’ils sont répréhensibles au regard de la loi groenlandaise, « ce qui prend du temps », remarque l’avocat.

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