retrouver le dernier Olympia en coulisses du « dandy un peu vieilli »


« Christophe… définitivement », documentaire de Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia.

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

En mars 2002, il faisait son retour sur scène, à l’Olympia, après vingt-huit ans d’absence. Répétitions, coulisses, pauses dans l’intimité de son home studio, réplique de son appartement du boulevard du Montparnasse, à Paris, encombré de curiosités, de photographies, de peintures, d’affiches, de figurines, de juke-box, de vinyles, de pin-up… Avant et durant le concert, Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia ont œuvré comme des chats pour suivre Christophe et capter ces instants fragiles, dans le halo des projecteurs, lumières rouges et bleues ; ou totalement éteintes, dessinant une silhouette blanche, surexposée, irradiante sur fond noir, à la façon d’un négatif qui, aujourd’hui, revêt un caractère spectral. Au moment où nous découvrons ces images, vingt et un ans ont passé, et le chanteur-auteur-compositeur n’est plus, emporté le 16 avril 2020 par une maladie pulmonaire, à l’âge de 74 ans.

Ni commentaires ni questions ne viennent interférer dans cette rencontre impressionniste à laquelle nous convient les deux cinéastes. Seuls la musique, les mots de ses chansons ou ceux que Christophe consent à livrer viennent entretenir ce sentiment de proximité que le film installe par la discrétion, le mouvement lent, les frôlements et le flou de la caméra.

Dans les lumières saturées de la scène, le chanteur ajuste, demande la note, corrige – « trop court », « ouvre la réverb » –, se plaint de la couleur des mots sur le prompteur – ils sont violets, il les veut rouges. Essai voix, essai guitare, silence, petits agacements. Visage marmoréen, geste rare, regard affûté d’oiseau de proie dissimulé derrière des lunettes rondes fumées, Christophe fascine autant qu’il nous échappe.

Maniaque et esthète

Suspendu à la contemplation de chacune de ses poses, on accueille la moindre confidence comme un don. Il y en a peu. Son histoire ? Il la raconte en égrainant, avec solennité, la longue liste de films qui l’ont accompagné : « A bout de souffle, La Belle Américaine, 2001 : l’Odyssée de l’espace, Crash, La Belle et la Bête, Le Temps des Gitans, Blue Velvet, Parfum de femme, La Vérité, L’Eau à la bouche, Les Valseuses, Star Wars, Psychose… » Son enfance ? Il l’évoque assis par terre, dans sa loge, alors qu’il découpe aux ciseaux l’encolure d’un tee-shirt. « Ma mère était couturière, tu le savais, ça ? », dit-il, fuyant toute phrase inutile, mais attentif aux petits riens qui font les belles choses. Maniaque, esthète, dandy un peu vieilli qui pose du khôl à ses yeux, remet dix fois une mèche en arrière, s’offre une coupe de champagne. Avant d’entrer sur scène, entièrement vêtu de noir.

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