« Si on parle aujourd’hui davantage de la transidentité, c’est au prix d’une multiplication des contre-vérités »


Les transidentités sont-elles suffisamment visibles ? Sont-elles suffisamment connues et respectées ? La question se pose naturellement en ce 31 mars, Journée internationale de la visibilité transgenre.

Bien sûr, les transidentités, on en parle. Mais, depuis quelque temps, c’est aussi pour les rejeter, les discriminer, avec un angle d’attaque désormais inlassablement répété : le « scandale sanitaire » des enfants trans et l’« horreur » des retransitions. L’occasion de multiplier les fausses informations, les contre-vérités avec, pour finalité, de susciter la peur, la haine auprès de celles et ceux qui ignorent tout des transidentités et n’iront pas vérifier l’exactitude des propos.

A longueur de tribunes et d’interviews, quelques associations outrancières, ainsi que des personnalités qu’on connaissait ouvertes et bienveillantes, veulent faire croire que des discours radicaux légitiment les requêtes de changement de sexe, au prix d’un traitement médical à vie voire chirurgical (ablation des seins ou des testicules) sur des corps d’enfants ou d’adolescents.

Argumentaire nocif, voire transphobe

Les individus qui tiennent ces propos n’ont vraisemblablement jamais rencontré la moindre personne trans. Ces contre-vérités n’émeuvent pas le moins du monde certains médias qu’on imaginait plus respectueux de la véracité et de l’exactitude des faits. Ainsi, ils reprennent, sans vérification, l’argumentaire nocif, voire transphobe, de ces associations et personnalités dont l’idéologie semble justifier mensonges et désinformations.

Quelles sont ces contre-vérités ?

– Les enfants trans subissent des traitements hormonaux : c’est faux. Aucun traitement hormonal d’affirmation de genre n’est prescrit aux enfants. La seule réalité : vers 11-12 ans, à l’apparition de la puberté, si les évolutions de leur corps leur apparaissent insupportables, comme la poussée des seins ou de la barbe, les jeunes ados peuvent bénéficier de retardateurs de puberté, avec l’accord de leurs parents et pour une durée limitée sous surveillance endocrinologique. Ces médicaments sont utilisés depuis des décennies pour les jeunes cisgenres (non trans) dont la puberté s’avère précoce. En respectant les recommandations internationales d’usage, leurs effets sont entièrement réversibles.

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– Les enfants trans peuvent subir des interventions chirurgicales : c’est faux. Aucune opération génitale ne peut intervenir avant la majorité. Seule exception : la torsoplastie (ablation des glandes mammaires) peut être pratiquée chez les grands adolescents s’ils ne supportent plus leur situation et s’imposent la douleur quotidienne de porter un binder qui enserre leur poitrine pour la rendre invisible. Cette intervention ne peut se faire qu’avec l’accord parental, évidemment, et une information médicale solide.

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