SpaceX voit Starlink comme une activité cruciale pour financer les missions vers Mars


Diego Guerrero et Sofia Diaz, 7 ans, bénéficient d’un accès à Internet via une antenne Starlink dans leur école de Sotomo (Chili), le 6 août 2021. Le village était l’un des deux sites chiliens retenus pour le projet pilote d’Elon Musk de fourniture d’un accès gratuit au Web pendant un an.

SpaceX est le champion de l’intégration : l’entreprise construit ses propres fusées, avec ses propres moteurs, elle les lance, elle travaille sur un module d’alunissage, envoie des touristes dans l’espace… et elle a mis sur orbite Starlink, la plus grande constellation de satellites à basse altitude, destinée à connecter à Internet les régions mal desservies.

Starlink n’est pas une activité comme une autre dans le portefeuille de SpaceX : pilier central de son modèle économique, elle est un peu le carburant qui doit financer ses activités et le rêve affiché par son patron : aller sur Mars.

Société non cotée, SpaceX ne publie pas ses comptes… Mais dès 2015, un document interne qui a fuité dans le Wall Street Journal montre l’ampleur de ses ambitions pour Starlink, alors à l’état de simple projet : un lancement devait être prévu en 2018, et ses revenus devaient dépasser dès 2020 ceux générés par les lancements de fusées, et atteindre 30 milliards de dollars en 2025 (environ 28,4 milliards d’euros), avec 40 millions de clients, pour un bénéfice opérationnel de 15 à 20 milliards… En comparaison, SpaceX ne prévoyait que 1,8 milliard de dollars de chiffre d’affaires total pour 2016.

Un rapide calcul

Gwynne Shotwell, la numéro deux de SpaceX, confirme le caractère central de la constellation, avec un rapide calcul : « Le marché mondial des lancements spatiaux pèse 6 à 8 milliards de dollars par an. Celui de la connexion à Internet peut être évalué à 1 000 milliards de dollars. Imaginons que SpaceX obtienne 60 % du marché des lanceurs et seulement 3 % de celui de la connexion… Starlink est bien notre plus grosse source potentielle de revenus », a-t-elle expliqué en septembre devant des journalistes à Paris.

En effet, selon ce scénario, les lanceurs (pour des satellites, des astronautes, du matériel…) généreraient 4 à 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an, contre 30 milliards pour la constellation, soit 6 à 7,5 fois plus… Il vaut mieux avoir une toute petite part d’un très grand gâteau qu’une grande part d’un petit gâteau, raisonne SpaceX. « Starlink est une opportunité énorme de monétisation. Et on voit de plus en plus de synergies avec SpaceX », décrypte aussi l’analyste financier Dan Ives, de la banque Wedbush Securities.

Les petites antennes nécessaires à la réception sont aujourd’hui vendues à perte : facturées 600 dollars, elles coûtent plus de 1 000 dollars à produire

Dans l’esprit d’Elon Musk, Starlink est donc un « marchepied crucial » pour réaliser son rêve d’établir une cité sur Mars et une base sur la Lune, comme il l’a expliqué en 2019 au site Space.com. « Nous pensons pouvoir utiliser Starlink pour financer Starship », avait-il ajouté, en référence à sa fusée géante conçue pour aller jusque sur la Planète rouge. « Si nous voulons emmener des gens sur la Lune et sur Mars, il faut nous assurer qu’ils pourront communiquer sur place et avec la Terre », affirme aussi très sérieusement Mme Shotwell.

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