« Tina » Turner sur MyCanal, récit d’une émancipation


MYCANAL – A LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

« Comment tire-t-on sa révérence lentement pour s’en aller ? » Tina Turner pose la question aux documentaristes Dan Lindsay et T.J. Martin, qu’elle reçoit à Zurich en 2019, dix ans après son dernier concert. « J’ai eu une vie violente », dit, en guise de bilan, la chanteuse qui a marqué l’histoire du rhythm and blues et du rock ’n’ roll et qui vient de tirer sa révérence, à 83 ans, le 24 mai, chez elle, à Zurich, en Suisse. Rien n’a été facile dans sa vie et c’est justement parce qu’elle a eu le courage de le raconter que son existence a pris un autre tour.

Ce film, produit par son mari Erwin Bach, sera son testament, comme un dernier adieu à ses millions de fans. Une dramaturgie en cinq actes dont on sort avec beaucoup d’énergie. On se régale tant des images électrisantes des fabuleux concerts de la chanteuse que de sa précieuse parole. Surtout, on comprend comment Tina Turner a rebâti pour elle-même une carrière, une image publique et une vie amoureuse épanouie, en dépit des vents – misogynes et racistes – contraires.

Sheena, reine de la jungle. C’est d’un personnage de cette série télévisée qu’elle tient son prénom d’artiste, imposé par son mari Ike Turner lorsqu’il fonda leur duo. L’histoire d’une Tarzan au féminin, qui devient reine de la jungle. Etonnante prémonition du destin de la jeune Anna Mae Bullock. La future Tina Turner grandit « dans les champs de coton » de son Tennessee rural natal. Adolescente, elle se pâme devant le guitariste Ike Turner qui, impressionné par sa voix et son énergie hors norme, la prend sous son aile puis la retient sous son emprise. Le succès est à la clé, mais Tina Turner vit un martyre avec ce mari coureur, cocaïnomane et violent.

Libération pour des milliers de femmes

On peut entendre dans le film des extraits de l’entretien capital qu’elle a donné à People Weekly en 1981, racontant les violences – trente-cinq ans avant #metoo. Une libération pour des milliers de femmes : « Nous avons reçu 50 000 lettres de femmes qui sont passées par là et qui y ont survécu », annonce triomphalement Oprah Winfrey quand elle reçoit la chanteuse en 1996.

Le premier acte de la gloire s’arrête net, en 1978, quand elle obtient le divorce. Pour payer ses dettes et celles que lui a laissées son mari, élever ses enfants, Tina Turner cachetonne dans des spectacles de cabaret à Las Vegas, pour des émissions télévisées ou dans des conventions McDonald’s. Mais elle n’a pas renoncé à son rêve de « devenir la première chanteuse de rock noire à remplir des stades comme les Rolling Stones ».

La rencontre avec un producteur australien établira les fondements de sa triomphale renaissance : au printemps 1984, elle sort l’album Private Dancer et le tube What’s Love Go to Do with It. Quatre ans plus tard, elle entre dans le Guinness des records : le 16 janvier 1988, son concert dans l’enceinte mythique du stade Maracana de Rio réunit plus de 180 000 personnes.

Tina, de Dan Lindsay et T.J. Martin (EU, 2021 ; 115 min), disponible à la demande sur MyCanal.

Tina Turner – Live in Rio sur Arte



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