TotalEnergies « assume » ses investissements dans le pétrole et le gaz lors d’une assemblée générale sous tension


« Cette assemblée générale ne se sera pas tenue en toute impunité. » Les centaines de militants pour le climat et scientifiques réunis devant la Salle Pleyel, à Paris, n’auront pas réussi à empêcher la tenue du rendez-vous annuel des actionnaires de TotalEnergies, vendredi 26 mai. Ils ont toutefois profité de cette occasion pour accroître une nouvelle fois la pression sur le géant pétrolier, accusé de mettre en péril la lutte contre le réchauffement climatique par la poursuite de ses activités dans le secteur des hydrocarbures. Une préoccupation qui s’est aussi exprimée, à l’intérieur, par le biais de questions posées par plusieurs actionnaires.

Le groupe, qui a enregistré un bénéfice record en 2022 de 20,5 milliards de dollars (19,5 milliards d’euros), dit avoir su « tirer parti » du contexte énergétique inédit, marqué par une très forte hausse des prix du pétrole, du gaz et de l’électricité provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Cet environnement a été très favorable pour TotalEnergies, qui est entrée dans une nouvelle ère », a insisté le directeur financier, Jean-Pierre Sbraire.

Mis en cause pour l’impact sur l’environnement de l’entreprise, son PDG, Patrick Pouyanné, a défendu sa stratégie climat, qui a sans surprise été adoptée par quelque 1,5 million d’actionnaires – dont environ 500 étaient présents Salle Pleyel. TotalEnergies souhaite maintenir sa production pétrolière au cours de la prochaine décennie et affirme avoir besoin, pour cela, de continuer à investir dans de nouvelles installations pour compenser la décroissance naturelle des champs en activité. L’entreprise « assume » également de miser sur le gaz fossile, en affirmant que cette source d’énergie peut jouer un rôle « positif » dans la transition en se substituant au charbon.

« L’enjeu, c’est d’aller plus vite »

Lors de la manifestation devant la Salle Pleyel, où se tenait l’assemblée générale de TotalEnergies, à Paris, le 26 mai 2023.

Des choix en contradiction avec les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de l’Agence internationale de l’énergie, qui ont établi qu’atteindre la neutralité carbone exigeait de ne plus investir dans aucune nouvelle installation fossile, énergies principalement responsables des émissions de gaz à effet de serre. L’entreprise française est la septième au monde à prévoir le plus de nouveaux champs pétroliers et gaziers sur le court terme.

Patrick Pouyanné a également dit vouloir « répondre aux grincheux qui accusent l’entreprise de greenwashing » en mettant en avant les investissements croissants dans le secteur de l’électricité, notamment d’origine renouvelable. Estimés à environ 2 milliards d’euros en 2020, ils sont passés à plus de 4 milliards en 2022 et devraient atteindre 5 milliards en 2023, soit la moitié des investissements dans les nouvelles capacités. « L’enjeu, c’est d’aller plus vite, plus fort et surtout plus rapidement », a toutefois estimé, jeudi 25 mai, la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

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