tripler les capacités d’énergies renouvelables d’ici à 2030, un objectif atteignable


Des panneaux photovoltaïques de la centrale solaire d’Al-Dhafra, aux Emirats arabes unis, le 13 novembre 2023.

Le président de la 28e conférence mondiale pour le climat (COP28), Sultan Al-Jaber, est connu pour être le dirigeant de la compagnie pétrolière émiratie. Il est aussi le fondateur et le président de Masdar, la société nationale d’énergie renouvelable. Le 16 novembre, les Emirats arabes unis ont inauguré l’une des plus grandes centrales solaires au monde, détenue en partie par Masdar et située en plein désert à Al-Dhafra. Quatre millions de panneaux photovoltaïques, couvrant plus de 20 kilomètres carrés, pourront produire 2 gigawatts (GW) d’électricité et alimenter 160 000 foyers.

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Vivement critiqué pour sa casquette de producteur d’hydrocarbures, Sultan Al-Jaber entend notamment miser sur les renouvelables pour faire de la COP28, qui se tiendra du 30 novembre à 12 décembre à Dubaï, un succès diplomatique. Dans sa lettre aux parties envoyée mi-octobre, il appelle à tripler la capacité mondiale des énergies renouvelables d’ici à 2030, parmi d’autres mesures d’un « paquet énergie ».

Cet objectif, également porté par l’Union européenne et les Etats-Unis, correspond à ce qu’appelle de ses vœux l’Agence internationale de l’énergie (AIE) : lors de sa présentation, en 2021, de la première feuille de route visant à décarboner le système énergétique, elle présentait le triplement des renouvelables comme « le levier unique le plus important » pour atteindre les objectifs de baisse des émissions. Le solaire et l’éolien représenteraient la très grande majorité de ce déploiement.

Récente accélération

Un rapport du think tank environnemental Ember, publié mardi 21 novembre, estime que cet objectif de triplement est à portée de main, à condition que les Etats rehaussent leurs ambitions. L’organisation a passé en revue les cibles nationales fixées par cinquante-sept pays ainsi que celle de l’Union européenne, qui représentent collectivement 93 % des capacités de renouvelables. Selon ces plans, les gouvernements prévoient, aujourd’hui, un doublement des capacités pour passer de 3 400 GW en 2022 à 7 300 GW en 2030.

Mais le triplement, permettant d’atteindre environ 11 000 GW, n’est pas pour autant hors d’atteinte : le think tank souligne que beaucoup des objectifs nationaux ne prennent pas en compte la récente accélération dans le déploiement des renouvelables. « Une révolution se produit en ce moment, mais les cibles des gouvernements ne la reflètent pas », estime Katye Altieri, analyste chez Ember.

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Selon l’AIE, 2023 devrait être une année record, avec environ 440 GW de capacités installées. Le rapport d’Ember pointe également que douze Etats devraient accroître leurs capacités, cette année, à un rythme plus rapide que celui requis pour l’atteinte de leur objectif à 2030. Dans vingt-deux autres pays, le volume de projets éoliens et solaires existant dépasse là encore ce qui est nécessaire. Pour parvenir à tripler les capacités, les ambitions devront toutefois être encore revues à la hausse, même si certains pays, comme l’Inde, l’Arabie saoudite ou désormais les Emirats arabes unis, prévoient déjà de multiplier par trois leurs capacités – voire plus.

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