un coadjuteur nommé auprès de l’évêque Dominique Rey
L’automne est bien entamé en ce 5 octobre, mais Rome souffre encore d’une chaleur étouffante. La veille, sous le soleil écrasant de cet été indien, le pape a donné le coup d’envoi de la première assemblée générale de son synode sur la synodalité, une grande réunion visant à réfléchir à l’avenir de l’Eglise. Pourtant ce jour-là, François prend le temps de recevoir un évêque français qui n’a rien à voir avec le synode : monseigneur Antoine Hérouard, à la tête du diocèse de Dijon. C’est que l’affaire dont les deux hommes doivent s’entretenir mérite l’attention particulière du pape.
Au menu de la discussion, la gouvernance hasardeuse du diocèse de Fréjus-Toulon par son évêque, Dominique Rey, en place depuis vingt-trois ans, et le sort qui doit lui être réservé. Voilà quelques semaines déjà que Mgr Hérouard a transmis au Saint-Siège le rapport de l’enquête qu’il avait été chargé de mener dans le diocèse de son collègue du Sud. La défiance à l’égard de ce dernier est telle que le pape lui a interdit en juin 2022 d’ordonner de nouveaux prêtres.
Mauvaise gestion des finances, accueil de prêtres dont aucun autre diocèse n’aurait voulu, explosion du nombre de messes traditionnelles, absence totale de supervision des communautés dans le diocèse… Les reproches adressés à l’évêque de Toulon sont nombreux.
Reprise en main des finances
Si le Saint-Siège a finalement décidé de ne pas démettre Mgr Rey, il devrait tout de même, annoncer, mardi 21 novembre, qu’il le place sous une forme de tutelle. Comme révélé initialement par le journal Libération, l’évêque de Fréjus-Toulon devrait se voir attribuer un « coadjuteur » en la personne de Mgr François Touvet, aujourd’hui à la tête du diocèse de Châlons-en-Champagne. Une fonction qui sert normalement à assister un évêque dans sa tâche avant de lui succéder. En réalité, Mgr Touvet aura la haute main sur la gestion du diocèse : ordination des prêtres, supervision du séminaire et donc de la formation, mise au pas des communautés éventuellement problématiques, reprise en main des finances. Vidant ainsi le poste de Mgr Rey de toute sa substance.
« C’est une décision qui a le mérite de la transition en douceur », commente un bon connaisseur du dossier avant d’ajouter que « Mgr Touvet n’aurait pas accepté ce poste s’il n’avait pas les coudées franches pour pouvoir corriger ce qu’il faut et prendre des décisions dans le diocèse ». Au nouveau prélat du lieu est tout simplement confiée la difficile mission de remettre Fréjus-Toulon sur le droit chemin.
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