Un opposant azerbaïdjanais assassiné à son domicile en Alsace
Un influent opposant au régime azerbaïdjanais est mort, mardi 1er octobre, à Mulhouse (Haut-Rhin), après avoir reçu une vingtaine de coups de couteau, dimanche. Vidadi Isgandarli, un ancien procureur de 62 ans réfugié politique en France depuis 2017, aurait été attaqué par trois hommes à son domicile au petit matin, selon les premiers éléments de l’enquête pour meurtre ouverte par la police judiciaire de Mulhouse.
Selon son frère Oqtaï, les cris poussés par M. Isgandarli ont alerté le voisinage et provoqué la fuite des agresseurs. Encore conscient, il est parvenu à appeler son frère, qui a, à son tour, alerté la police. Il n’a pu donner que très peu de détails avant de perdre conscience, ayant perdu beaucoup de sang. Au tribunal judiciaire de Mulhouse, une source du parquet explique au Monde que l’agression « s’est déroulée entre 5 heures et 6 h 30 du matin. L’enquête de voisinage n’a pas trouvé de témoin et les vidéos des caméras de surveillance restent encore à exploiter ». Quant au mobile, il est « a priori politique, mais c’est une piste parmi d’autres ».
Contactée au sujet du meurtre, l’ambassade d’Azerbaïdjan en France n’a pas donné suite.
Les proches de la victime et les opposants azerbaïdjanais réfugiés en France voient derrière ce meurtre la main du régime autoritaire de Bakou. « Vidadi Isgandarli faisait, comme moi, l’objet de menaces », explique depuis Strasbourg le journaliste azerbaïdjanais Ganimat Zahid, 61 ans. « Je le connais depuis la fin des années 1990 et nous sommes restés très proches. Il était procureur jusqu’au début des années 2000, après quoi il a démissionné pour s’engager dans la défense des droits humains. » Arrêté en 2011 pendant qu’il manifestait contre le régime d’Ilham Aliev, Vidadi Isgandarli est condamné à trois ans de prison par un tribunal azerbaïdjanais. Il bénéficie d’une amnistie présidentielle au milieu de sa peine et continue son activité politique, avant d’émigrer en France avec sa famille.
Quatrième assassinat d’exilés
Devenu blogueur dans l’Hexagone, il nourrit sa chaîne YouTube (47 500 abonnés) de messages vindicatifs à l’encontre du chef d’Etat azerbaïdjanais et de son entourage. « Je n’exclus pas que Vidadi ait été ciblé à cause des insultes qu’il a proférées », note Ganimat Zahid, qui ajoute : « Ce qui ne justifie en rien son meurtre. De toute façon, nous figurons tous sur la liste des opposants à abattre. »
Selon le journaliste, Vidadi Isgandarli est le quatrième opposant azerbaïdjanais assassiné en exil par le régime depuis quatre ans. En 2021, Baïram Mammedov, Vüqar Rza et Hüseyn Bakikhanov avaient trouvé la mort, respectivement en Turquie, en Belgique et en Géorgie.
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