un regard renouvelé sur l’art algérien



C’est l’étape finale d’une exposition qui a d’abord posé ses valises à New York en 2019 avant d’être présentée virtuellement à Marseille, en pleine crise sanitaire. « En attendant Omar Gatlato » est une plongée dans l’authenticité et la complexité de la création contemporaine, issue de l’Algérie et de sa diaspora. Son « épilogue », présenté au Magasin-CNAC de Grenoble jusqu’au 15 octobre 2023, présente le travail de 14 artistes et collectifs.

Imaginée par la commissaire et chercheuse Natasha Marie Llorens, elle prend comme point de départ la scène finale du film de Merzack Allouache, qui aborde l’émancipation individuelle, et emprunte son nom au titre de l’essai sur le cinéma expérimental algérien de l’écrivaine Wassyla Tamzali.

Dire la « trépidation de la vie quotidienne » en Algérie

Dans cet ancien entrepôt réhabilité en centre d’art, qui a rouvert ses portes au mois de novembre, le visiteur est invité à déambuler de photographies en sculptures, de tableaux en vidéos, d’esquisses en boucles sonores. Ici, chaque œuvre semble libérer sa sensibilité, délivrer son propos, parler à sa génération, comme pour exhumer la richesse d’une scène artistique trop souvent enfermée dans une identité homogène et immuable.

De cette profusion émerge une même « trépidation qui imprègne la vie quotidienne », selon les mots de la commissaire, où se mêlent tensions politiques, atmosphère post-épidémie et urgence climatique. On y saisit, par exemple, la force des croyances personnelles qui dépassent la religiosité systématiquement projetée sur le pays : dans le souvenir d’un être proche, comme l’exprime Abdo Shanan avec une photographie de sa grand-mère (« A sound in me has died the day you left »), comme dans une connexion entre l’être humain et l’animal, qu’immortalise la caméra de Hichem Merouche.

Se défaire des projections dominantes

Cette sélection d’œuvres raconte l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui, au-delà de la mythologie nationale. Dans la brutalité ou l’émotion, comme l’expriment le témoignage vidéo de Nesrine Salem et le film La Tempête de Dania Reymond-Boughenou. Dans le silence, symbolisé par le grand rideau sombre de Lydia Ourahmane et Yuma Burgess qui accueille chaque visiteur. Ou encore les échappatoires du football (Sofiane Zouggar) ou de l’amour (Sara Sadik). Une traversée, parfois confuse, qui parvient toutefois à nous défaire des projections dominantes.



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