une cérémonie sobre devant quelques dizaines de milliers de fidèles


Le pape François assiste aux funérailles du pape émérite Benoît XVI sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 5 janvier 2023.

La brume qui enserre le dôme de la basilique Saint-Pierre jeudi 5 janvier au matin se lève peu à peu. Debout, alors que ses douleurs au genou l’obligent à se déplacer en chaise roulante, François attend le cercueil que les sediari, les porteurs désignés pour accompagner Benoît XVI, mort le 31 décembre à 95 ans, vers sa dernière demeure, avancent vers lui. Le pape pose une main sur la bière et se penche, en signe de recueillement. Un dernier hommage à son prédécesseur dont il vient de présider les funérailles. Les deux papes qui ont cohabité au Vatican, dans une situation inédite, pendant presque dix ans, se font face. L’un reste, l’autre part.

Quelques dizaines de minutes plus tôt, François prononçait son homélie devant des dizaines de milliers de personnes amassées place Saint-Pierre. Sur sa droite, des cardinaux et des prélats, un impressionnant parterre de blanc et de rouge qui contraste avec le noir de rigueur dans le carré d’en face, où ont pris place les personnalités venues à « titre privé ». Les funérailles de Benoît XVI, pape émérite depuis sa démission en 2013, ne sont pas un événement d’Etat, seuls les représentants des gouvernements italiens et allemands (patrie d’origine de Joseph Ratzinger) ont été officiellement invités.

En tenue de deuil, sont présents les rois et reines d’Espagne et de Belgique, les présidents de la Lituanie, de Pologne, du Portugal, de Slovénie ou encore du Togo. La France, elle, était représentée par Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur chargé des cultes.

Un grand théologien

De l’autre côté des barrières, face à la basilique, une foule de fidèles venus assister aux premières funérailles d’un pape depuis presque vingt ans. La place Saint-Pierre qui peut accueillir 60 000 personnes ne s’est remplie jeudi qu’aux deux tiers. Environ 50 000 personnes ont fait le déplacement, d’après les autorités, contre 65 000 attendus. Très loin de l’affluence enregistrée lors des obsèques de Jean Paul II en 2005, lorsqu’un million de personnes avaient fait le déplacement. Dans les jours précédents, ils avaient aussi été plusieurs centaines de milliers, jusqu’à six cent mille par jour, à venir se recueillir devant la dépouille de Karol Wojtyla à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre.

Lire notre nécrologie : Benoît XVI, premier « pape émérite », théologien conservateur devenu pontife malgré lui, est mort

Rien de cela pour Benoît. Ils furent 200 000 à se recueillir au cours des trois jours où son corps a été exposé. Certes, Jean-Paul II est mort dans l’exercice de sa fonction, quand Joseph Ratzinger lui est resté cloîtré dix ans dans le monastère Mater Ecclesiae, entre les murs du Vatican, mais l’événement semble confirmer que, Benoît XVI, grand théologien et penseur majeur du catholicisme au XXe siècle, est resté moins populaire que son prédécesseur. S’il fut apprécié au sein de la curie et dans les milieux conservateurs, il le fut moins à l’extérieur de l’institution, au contraire de son successeur François.

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